
À titre d’éducateur, vous avez la capacité d’influencer positivement les garçons et les jeunes hommes avec qui vous êtes en contact quotidiennement. En promouvant l’équité entre les sexes et les genres et en discutant avec vos élèves de relations saines et égalitaires, vous réussirez à créer une école et une collectivité plus saines et sécuritaires.
Vous pouvez ouvrir un dialogue avec les garçons et les jeunes hommes de votre milieu scolaire et être un modèle masculin positif et accessible. Cliquez sur l'icone plus pour decouvrir nos idees.
Strategies
Faites la promotion de l’équité des sexes et des genres dans votre école.
Le bien-être social des garçons et des hommes passe par la capacité d’établir des relations saines et égalitaires avec les filles et les garçons, les femmes et les hommes, leurs amies et amis, les membres de leur famille et leurs collègues. Par conséquent, une de vos responsabilités consiste à fournir à vos élèves les moyens et les outils qui leur permettront de développer des rapports qui sont fondés sur le respect et l’égalité.
Agissez en tant que modèle accessible des valeurs intégrales à la promotion des relations saines et égalitaires.
En tant qu’éducateur, vous jouez plusieurs rôles, dont certains vont au-delà de l’enseignement du curriculum. Comme enseignant dans un établissement public, vous avez la responsabilité d’assurer la sécurité de vos élèves, de leur inculquer les compétences sociales et scolaires qui les aideront à réussir après les études secondaires et dans le monde du travail et de les outiller pour qu’ils puissent bien fonctionner dans la société. Un rôle invisible et parfois implicite du personnel enseignant est celui d’incarner un modèle accessible des valeurs intégrales à la promotion des relations saines et égalitaires.
Pour assurer le bien-être des garçons de votre classe (et celui de tous les élèves), une de vos responsabilités en tant qu’enseignant consiste à leur enseigner comment établir des relations fondées sur le respect, l’égalité, le partage du pouvoir, l’échange et l’ouverture avec les filles, ainsi qu’avec les autres garçons. Par exemple, vous pouvez :
- faire des exercices dans la classe visant à créer un climat de confiance et à favoriser un sentiment d’empathie;
- lire une histoire ou donner une leçon dans laquelle les sujets ne correspondent pas aux stéréotypes sexistes; et,
- remettre en question les attitudes, les gestes et les propos sexistes et agressifs.
En tant que modèle accessible, vos propres comportements, gestes, paroles et attitudes feront l’objet d’observations de la part des élèves. Vos relations saines et égalitaires avec vos collègues féminines offriront un bel exemple des valeurs que vous tentez de favoriser au sein de votre salle de classe et de votre école.
Dénoncez le sexisme, la misogynie, l’homophobie, la transphobie et tout langage ou geste dégradant.
Les garçons sont exposés chaque jour à de nombreux exemples de comportements discriminatoires ou haineux, incluant des propos sexistes (comme l’objectification des femmes), misogynes, homophobes et transphobes.
La culture est un outil puissant qui contribue à ancrer davantage les stéréotypes sexuels, tant chez les hommes que chez les femmes, et les normes fondées sur le genre. Compte tenu des répercussions de l’Internet, des médias (notamment des médias sociaux), des jeux vidéo et de la culture populaire sur les garçons, vous avez le devoir de transmettre une conception plus saine de ce qu’est la masculinité. Cela repose sur une conception qui met l’accent sur le partage du pouvoir et le respect des filles et des femmes et des autres hommes.
En restant muets devant des paroles ou des gestes fondés sur la discrimination ou la haine, on encourage le silence entourant ce problème et on contribue ainsi à la normalisation des injustices faites aux filles, aux femmes et aux personnes LGBTQ2S+.
Faites la promotion de l’équité des sexes et des genres comme étant une question qui devrait préoccuper les hommes.
Il peut se révéler difficile de parler de la violence contre les femmes. D’une part, on veut valoriser la motivation de beaucoup de garçons et d’hommes à vouloir mettre fin à ce problème social. D’autre part, on ne peut pas nier les faits : au Canada, la majorité des agressions sont perpétrées par des hommes (ce qui ne veut pas dire que la majorité des hommes sont violents). Ce sont les hommes qui sont principalement responsables d’instaurer une atmosphère de crainte pour les femmes par rapport à l’agression physique et sexuelle.
Bien que la majorité des hommes ne soient pas d’accord avec la violence contre les femmes, bon nombre d’entre nous évitent de prendre position ou de s’exprimer en public. Par conséquent, une culture du silence entoure l’iniquité des sexes et des genres et la violence des hommes contre les femmes. Il est important que les hommes se fassent entendre et qu’ils demandent à leurs pairs et aux garçons de participer à la création d’une société qui attache de l’importance aux relations saines et égalitaires. Cela ne signifie pas qu’ils sont « contre les hommes », mais plutôt qu’ils trouvent certains gestes et comportements inacceptables.
Vous pouvez communiquer aux garçons et aux hommes de votre entourage qu’il n’est pas nécessaire d’agir de façon sexiste pour être un « homme masculin ». Articulez aussi les conséquences des blagues et des commentaires qui abaissent les femmes, notamment :
- On crée une atmosphère où il existe peu de limites et dans laquelle la violence contre les femmes et les filles est tolérée.
- On véhicule le message que les relations saines et égalitaires, en société et en famille, ont très peu d’importance.
La violence contre les femmes n’est pas uniquement un « problème de femmes ». Il s’agit d’un problème social qui devrait tous nous concerner – femmes et hommes
Soyez patient avec vous-même et tenez pour acquis que vous trouverez le moyen de défendre vos opinions avec intégrité dans votre milieu de travail.
En tant que modèle accessible, vous tenez à donner le bon exemple. Il peut arriver que vous vous sentiez coupable si vous ne répondez pas sur-le-champ à une situation qui transgresse vos propres croyances et principes.
Dans son milieu de travail, il peut s’avérer difficile d’intervenir dans une situation qui soulève des conflits de valeurs et de croyances. Si la sécurité (physique ou psychologique) d’une personne a été compromise ou s’il y a eu une grave entrave à la politique, il importe d’agir immédiatement. Autrement, il n’y a rien de mal à remettre à plus tard la discussion sur la situation sexiste ou agressive dont vous avez été témoin après en avoir informé les personnes impliquées. Il est toutefois très important de ne pas laisser aller des situations dans lesquelles on a enlevé les droits essentiels d’une personne sans intervenir.
Parfois, ces moments difficiles offrent le potentiel de servir d’apprentissage collectif, pourvu que le geste ne vise pas un élève ou un groupe en particulier. Vous pourriez profiter de l’occasion pour sensibiliser un groupe de personnes encore plus important.
Soulignez les journées spéciales.
Pour aborder la question des relations saines et égalitaires, soulignez les journées nationales et internationales importantes dans la lutte mondiale pour l’équité des femmes et des filles. Vous pouvez aussi solliciter la participation de vos collègues et de vos élèves pour l’organisation d’activités importantes qui permettront aux hommes et aux garçons d’être solidaires. Voici quelques suggestions :
- La Journée internationale de la femme (le 8 mars).
- La Journée internationale de lutte contre l’homophobie (le 17 mai).
- Le Mois de l’histoire des femmes (le mois d’octobre).
- La Journée internationale pour l’éradication de la violence contre les femmes (le 25 novembre).
- La Journée de commémoration nationale et d’action nationale contre la violence faite aux femmes (le 6 décembre).
Ce type d’activité a forcément plus de portée lorsque les participants connaissent la raison d’être et l’importance de la journée en question, ainsi que la signification de leur action.
Favorisez le leadership positif chez les élèves et les collègues masculins.
Certains élèves inspirent les autres ou se démarquent par leur leadership. Il importe de mettre en valeur le rôle des personnes qui démontrent un intérêt particulier au chapitre des relations saines et égalitaires, ainsi que leurs capacités de leadership positives.
Invitez des garçons et des hommes de l’école – élèves et collègues – à poser des gestes pour sensibiliser et mobiliser leurs pairs. Par exemple, ils pourraient convoquer un groupe ou un comité afin de planifier et organiser des activités à l’échelle de l’école ou de la collectivité visant à faire de la sensibilisation en ce qui a trait à l’équité des genres et des sexes et à la violence contre les femmes. Donnez un exemple d’équité des sexes et des genres en invitant des filles et des femmes, élèves et collègues, à se joindre au comité et à travailler côte à côte avec vous pour sensibiliser les gens à l’importance des relations saines et égalitaires.
Pour illustrer ce que devrait être le leadership collaboratif et des rapports sains et égalitaires, demandez à une collègue de coanimer une activité scolaire avec vous. Cette mesure viendra renforcer l’image positive des relations saines et égalitaires entre hommes et femmes. N’oubliez pas que les gestes sont souvent plus éloquents que les paroles.
Enseignez aux garçons un vocabulaire équitable et inclusif.
Donnez la chance aux garçons d’apprendre et d’utiliser un langage respectueux de l’équité des sexes et des genres afin de contrer les messages dégradants favorisés par la culture populaire. Dans ces messages, les femmes et les filles sont souvent invisibles, dégradées ou considérées comme des objets, et toute notion de masculinité est déformée.
Dans vos leçons, assurez-vous que les garçons ont l’occasion de se renseigner sur les propos accessibles, positifs et égalitaires qu’ils peuvent utiliser dans leurs relations avec les filles et les autres garçons. Créez un glossaire d’équité des sexes et des genres et organisez des discussions portant sur les relations saines et égalitaires. N’hésitez pas à consulter notre glossaire pour d’autres idées.
Créez des « lieux protégés » où l’on peut parler de ses expériences personnelles d’iniquité des sexes et des genres.
En créant une culture à l’école où règne l’empathie (composante importante dans les relations saines et égalitaires), on encourage les filles et les garçons qui sont la cible d’agression ou d’iniquité, ou qui en sont témoins, ainsi que ceux et celles qui sont pris dans un cycle de violence et qui ont recours à l’agression, à parler de leurs expériences avec des adultes et avec leurs pairs. On encourage également les garçons à prendre conscience des répercussions de certains gestes. Cela permet d’établir un milieu scolaire où on ne tolère aucune forme d’injustice et d’agression, y compris l’agression sexiste et fondée sur le genre.
En favorisant l’empathie dans votre milieu scolaire (notamment envers les survivantes et les survivants de violence et de discrimination), en créant un climat de confiance et en permettant aux élèves de participer à un dialogue franc et respectueux, vous sensibilisez les garçons et tous les élèves à l’importance des relations saines et égalitaires.
Établissez des règles de base et promouvez des valeurs fondées sur l’équité dans votre salle de classe et votre école.
Il arrive que l’on soit parfois à court d’idées devant une situation difficile, par exemple une situation d’iniquité ou de discrimination fondée sur le sexe ou le genre. Dans ces situations, référez-vous aux principes défendus par votre école (par exemple dans le code de vie), ou encore aux valeurs, aux principes ou aux ententes de base que vous avez développés dans votre classe au début de l’année scolaire.
Les ententes de base sont des consignes ayant des conséquences morales, alors que les règlements ont des conséquences logiques ou naturelles qui relèvent de certains comportements bien définis. Les élèves seront plus motivés à adhérer à une entente de base si elles et ils participent à sa création. Pour faire participer les élèves à la création de votre entente de base, vous pouvez :
- Formuler les principes et déterminer les conséquences avec l’aide des élèves dans le cadre d’une activité de groupe.
- Vous assurer que les règlements énoncent clairement les principes et les attentes en ce qui a trait à la promotion de rapports sains et égalitaires entre les élèves et les collègues.
Cette façon d’autogérer les comportements par la création collective d’un cadre moral accessible et transparent permet de responsabiliser tous les élèves. Durant l’année, lorsqu’une situation d’iniquité ou une autre situation difficile l’exige, revenez sur les principes de base qui ont été établis par le groupe. Révisez ces principes continuellement pour vous assurer que tout le monde les a encore bien à l’esprit.
Vous avez les outils et les occasions pour influencer positivement les garçons en ce qui concerne les relations saines et égalitaires. En plus de créer un milieu qui n’accepte pas les comportements ou les mots qui dénigrent les femmes et les filles, vous pouvez être un modèle masculin positif.
Identifiez des alliés et demandez leur aide.
S’attaquer aux problèmes de violence et promouvoir des relations saines et égalitaires peut exiger beaucoup de travail. Ainsi, plus vous avez le soutien des gens de votre entourage, plus la tâche sera facile et plus vos efforts seront efficaces.
Établissez des liens avec des personnes qui ont exprimé ou démontré une ouverture et un intérêt envers l’équité des sexes et des genres ou envers d’autres enjeux connexes. Cela pourrait inclure d’autres enseignantes ou enseignants, des membres de votre syndicat, la direction de votre école, des membres du comité d’équité, des parents, des personnes-ressources au conseil scolaire et la ou le commissaire. Des personnes de différents contextes pourraient vous aider de bien des façons à promouvoir et à renforcer le message que vous envoyez aux jeunes que vous tentez d’appuyer.
Engagez-vous à suivre une formation continue.
Bien que l'on soit convaincu de l’importance d’avoir un dialogue sur les relations saines et égalitaires avec ses élèves et ses collègues, il arrive que l’on pense n’avoir ni les outils, ni l’accès à l’information, ni le temps nécessaire pour trouver les ressources qui nous aideraient à amorcer de telles discussions.
En réalité, vous avez probablement de nombreuses occasions au sein de votre collectivité, de votre conseil scolaire ou de votre école d’améliorer les connaissances et les compétences qui vous aideront à promouvoir l’égalité des sexes.
Vous pourriez vous prévaloir des programmes de perfectionnement professionnels offerts par le comité d’équité de votre conseil scolaire ou par votre syndicat d’enseignants. Vous pouvez aussi inviter des personnes-ressources d’organismes communautaires de votre collectivité (par exemple, des groupes de femmes, des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), des maisons d’hébergement à l’intention des femmes) à donner une formation à un groupe d’enseignants et d’administrateurs dans votre école. Mettez l’accent sur les programmes et les ressources qui traitent du rôle que peuvent jouer les hommes et les garçons dans la promotion de l’égalité des sexes.
Vous pouvez également discuter de vos expériences et de vos réflexions sur la question avec vos collègues et vos élèves lors des réunions du personnel ou en salle de classe. De cette manière, vous contribuerez à influencer la culture de votre école afin de créer un milieu qui ne tolère pas les attitudes et les comportements qui dévalorisent les filles, les femmes et les personnes LGBTQ2S+.
Il n’y a rien de mal à ne pas tout savoir. Vous n’avez qu’à vous renseigner et à reprendre la conversation plus tard.
Parfois, il se peut que vous ne sachiez pas quoi dire ou comment répondre aux garçons dans vos discussions sur les relations saines et égalitaires. Vous pourriez douter de votre intervention. Cela ne pose pas de problème et en fait pourrait présenter une occasion d’apprentissage. Dans de telles situations votre réaction en elle-même offre un modèle positif. En voici des exemples :
- N’hésitez pas à admettre que vous ne connaissez pas toutes les réponses et que vous n’êtes pas spécialiste dans ce domaine.
- Avouez-le volontiers lorsque vous commettez une erreur.
- Dites à vos élèves que vous allez vous renseigner et que vous leur fournirez une réponse plus tard.
- Renseignez-vous (en consultant la section des ressources et les liens dans ce site, en parlant avec vos collègues ou vos proches ou en réfléchissant à la question) et reprenez la conversation au besoin.
- Dites franchement comment vous vous sentez (« Je me sens mal à l’aise par rapport à cette situation » ou « Je ne suis pas certain de moi en ce moment »), ou avouez que vous n’avez pas de réponse en ce moment.
En reconnaissant vos limitations et en communiquant vos sentiments ouvertement, vous démontrez des capacités cruciales pour entretenir des relations saines et égalitaires entre femmes et hommes. De plus, vous réduisez la pression sur les garçons d’être « parfaits » en tout temps.