Lorsqu’on prend connaissance de l’ampleur du problème social que représente la violence contre les filles et les femmes, de plus en plus d’hommes sont motivés à contribuer au changement positif.
Le saviez-vous?
Selon les recherches, il est évident que la violence, les agressions et les iniquités à l’égard des femmes continuent de représenter un grave problème dans notre société. Cela dit, il est important de souligner que le changement est possible.
- Une Canadienne sur trois de moins de 16 ans déclare avoir vécu au moins une expérience d’agression sexuelle (Mesures de la violence faite aux femmes, Statistiques Canada, 2006).
- Cinquante-et-un pourcent des Canadiennes de plus de 16 ans ont vécu au moins un incident d’agression physique ou sexuelle.
- Au moins un million d’enfants au Canada sont témoins de violence contre leur mère aux mains de leur père ou d’un autre homme.
- Vingt-neuf pour cent des étudiantes ont été victimes de contact sexuel non désiré à l’école au cours des deux dernières années et 18 % ont été agressées sexuellement.
- Au Canada, en 1998, 82,6 % des victimes d’agressions sexuelles signalées étaient des femmes; 98 % des accusés étaient des hommes.
- Dans 70 % des cas d’agression sexuelle, la victime connaît l’agresseur; 62 % avaient moins de 18 ans.
- De par le monde, la violence est la principale cause de décès et d’incapacité chez les femmes âgées de 15 à 44 ans.
- Certains groupes vulnérables qui subissent de la violence et qui sont isolés, comme les femmes et les enfants immigrants et autochtones, sont souvent stéréotypés comme ayant des « problèmes culturels ou religieux » sans tenir compte du contexte social plus élargi. (adapté de l’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes, 2006)
L’homophobie a également des conséquences tragiques
- Selon une étude menée à Calgary, les jeunes hommes gais et bisexuels de 18 à 27 ans sont 14 fois plus à risque de tenter de se suicider que les jeunes hétérosexuels du même âge. (Bagley et Tremblay, 1997)
Les hommes canadiens veulent faire partie de la solution
Un nombre croissant d’hommes sont préoccupés par la violence faite aux femmes. Selon des enquêtes menées en 2002 et en 2005 au Canada au compte de la Campagne du ruban blanc :
- Soixante-treize pour cent des répondants (tous des hommes) croient pouvoir contribuer positivement et directement à mettre fin à la violence.
- Les trois quarts des hommes sondés en 2005 disent qu’il est important de parler franchement de la violence et de l’agression contre les femmes.
- Soixante-deux pour cent des hommes canadiens sondés en 2002 ont exprimé l’importance de sensibiliser les hommes à ne pas rester silencieux et à parler franchement de la violence contre les femmes.
- La moitié des hommes qui ont répondu à un sondage pancanadien en 2005 ont exprimé leur opposition à l’utilisation d’un langage sexiste par d’autres hommes.
- Soixante-six pour cent des hommes canadiens croient que les hommes ne sont pas assez actifs pour mettre fin à l’agression contre les femmes.
- Selon 69 % des hommes sondés en 2002, les décideurs politiques devraient donner la priorité à la création et à la mise en place de programmes en milieu scolaire qui font la promotion des relations saines et égalitaires.
- Quatre-vingt-sept pour cent des hommes canadiens sondés en 2002 croient que les organismes de femmes et d’éradication de la violence contre les femmes devraient recevoir davantage de fonds publics.
Le moment de changer est venu
- Un des meilleurs moyens d’atteindre l’équité entre les sexes et les genres est de faire en sorte que les hommes participent davantage au développement des enfants.
- En laissant les hommes contribuer aux soins des enfants, on renforce la capacité humaine des hommes dans la famille et la société en général.
- En prenant soin des enfants et en s’engageant dans la vie des jeunes, les hommes arrivent à mieux exprimer leurs émotions et à développer de l’empathie.
- Il est fondamental d’avoir des modèles et des repères positifs et diversifiés d’hommes dans le système scolaire pour construire l’identité personnelle des enfants, garçons et filles. (Lajoie, 2003).
- Une meilleure participation du père et un niveau de violence familiale moins élevé aident les enfants à grandir dans un milieu sécuritaire sur les plans émotionnel et physique.
- Un père engagé et aimant réduit la probabilité qu’un garçon ait recours à la violence envers son partenaire féminin.
- La participation positive du père à la vie de ses enfants augmente les probabilités d’une part que ses fils aient une vision plus équitable des sexes et soient plus aimants comme père; et d’autre part, que ses filles aient une image plus souple des sexes.
- Les jeunes garçons qui croient en l’équité des sexes et des genres sont généralement capables de dire que leur père, ou un autre homme, leur a donné l’exemple ou démontré un rôle plus équitable.
Vous pouvez contribuer au changement de bien des façons
Au sein d’une relation intime…
- Pour montrer à votre garçon :
- Un comportement non menaçant dans votre relation avec votre conjointe ou conjoint, vous pouvez agir et parler de façon à ce que l’autre se sente en sécurité et à l’aise.
- Le respect dans vos relations intimes, vous pouvez être à l’écoute de l’autre sans porter de jugement. Vous pouvez vous efforcer de comprendre quand elle ou il vous parle et vous pouvez valoriser ses opinions.
- La confiance et l’appui dans une relation, vous pouvez soutenir les objectifs de vie que se fixe votre conjointe ou conjoint et respecter son droit à ses sentiments, ses activités, ses amitiés et ses opinions.
- La franchise et la responsabilité dans vos relations intimes, vous pouvez vous responsabiliser et admettre que vous pouvez vous tromper parfois. Vous pouvez aussi communiquer ouvertement et franchement avec votre conjointe ou conjoint.
- Que vous êtes engagé comme parent, vous pouvez partager les responsabilités familiales et être un modèle de non-violence dans vos relations intimes.
- Le partenariat économique équitable dans votre relation intime, vous pouvez prendre des décisions financières avec votre conjointe ou conjoint qui avantagent les deux.
- La franchise et la négociation lors de conflits avec votre conjointe ou conjoint, vous pouvez chercher des solutions satisfaisantes et accepter les changements et les compromis. (Adapté de « La roue de l’égalité » du Domestic Abuse Intervention Project, Appel aux alliés)
- On peut mieux garantir les droits fondamentaux des femmes en partageant davantage les responsabilités au foyer, incluant le soin des enfants et la contribution au revenu familial. Le partage des tâches ménagères constitue un pas vers l’égalité sociale des sexes. (Barker, 2003)
- Les hommes améliorent leur propre bien-être affectif en prenant soin de leurs enfants. En permettant aux hommes d’être plus présents dans la vie de leurs enfants, on démolit et remet en question la définition restreinte du rôle de l’homme dans la société. Plus les hommes prennent part à la vie de leurs enfants, plus ils augmentent leur capacité à faire preuve d’empathie et à exprimer sainement leurs sentiments. (Barker, 2003)
- Selon certaines études menées en Occident, la présence du père dans la vie de ses fils favorise le développement d’une attitude positive envers l’égalité des sexes. Une étude menée au Brésil démontre que les modèles accessibles masculins jouent un rôle important dans le développement de la perception des jeunes hommes envers l’égalité des sexes. (Barker, 2001)
En reconnaissant la violence et ses répercussions…
Au sein de ta collectivité…
Pour consulter la liste des sources utilisées dans l’élaboration de cette section, cliquez sur Bibliographie : Le saviez-vous?
Appel aux alliés
Puisque vous consultez ce site, il y a de fortes chances que le problème de la violence contre les femmes vous interpelle. Mais, vous ne savez peut-être pas par où commencer. Vous vous demandez peut-être si vous devez faire quelque chose, et quand et comment?
Comment est-ce que ça me touche?
Dans vos contacts quotidiens avec les garçons et les jeunes hommes – à la maison, au travail ou dans la collectivité – vous avez peut-être remarqué que les pressions et les attentes en ce qui a trait à la « masculinité » peuvent créer des situations et des expériences difficiles et parfois nuisibles pour ces jeunes. Vous avez peut-être aussi remarqué comment ces idées, attitudes et comportements négatifs et nuisibles sont reflétés et renforcés autour d’eux. Les messages qui nous sont transmis pendant notre jeunesse restent avec nous à l’âge adulte.
Chaque jour, les jeunes (et tout le monde) entendent des messages qui renforcent et perpétuent le sexisme, l’iniquité entre les sexes, l’homophobie, la transphobie, la violence contre les filles et les femmes ainsi que la misogynie et la haine de tout ce qui est considéré comme étant « féminin ». Tous ces thèmes influencent la socialisation des jeunes garçons et contribuent à transmettre une vision très rigide et néfaste de la masculinité. Lorsque les garçons et les hommes n’adoptent pas une attitude et des comportements dits « masculins », conformément aux notions traditionnelles, ils sont souvent victimes de propos, voire de violence, dégradants et homophobes.
Il est donc très important de dénoncer les commentaires homophobes et les gestes d’intimidation des jeunes garçons. Dans la vie quotidienne, il y a mille et une façons de reconnaître et d’affirmer la diversité sexuelle et de genre, et de défendre les droits des hommes et des garçons d’exprimer d’autres formes de masculinité saines.
Le taux de violence élevé contre les femmes indique qu’un nombre important de femmes et de filles de notre entourage sont touchées. Nos actions individuelles et collectives visant à encourager les relations saines et égalitaires peuvent avoir des répercussions directes et positives sur nos conjointes, nos mères, nos filles, nos sœurs, nos tantes, nos cousines, nos collègues, nos amies, nos voisines.
Qu'est-ce que j'ai à offrir?
Vous êtes un homme adulte. En ce moment même, un jeune garçon de votre entourage vous considère comme un modèle à suivre. Que vous en soyez conscient ou pas, ce jeune surveille chacun de vos gestes, chacune de vos paroles et votre façon de traiter les femmes et d’interagir avec les autres hommes.
Vous pouvez changer la vie des jeunes garçons. En tant qu’adulte, vous avez la chance unique d’aborder les problèmes qui touchent les jeunes dans l’immédiat et pour le reste de leur vie.
La plupart des hommes ne seront jamais violents à l’égard des femmes. Mais un trop grand nombre d’hommes restent silencieux au sujet de la violence. Nous devons parler haut et fort et dénoncer la violence pour que les jeunes garçons sachent que ce n’est pas acceptable de faire usage de la force.
Étant donné que ce fléau a des répercussions sur nous et sur l’ensemble de la société, il est essentiel que les hommes adultes posent des gestes pour briser le cycle de la violence.
Que puis-je faire?
De nombreux hommes adultes ont pris conscience de leur influence sur la vie des garçons. Vous pouvez miser sur les répercussions positives des relations que vous entretenez avec les garçons de votre entourage.
Vos attitudes, vos comportements et vos actions sont des véhicules par lesquels vous pouvez communiquer aux garçons des messages importants au sujet des femmes et de l’importance des relations saines et égalitaires. En réfléchissant à votre quotidien, vous vous rendrez compte de la multitude d’occasions possibles, chaque jour, par exemple :
- Les propos que nous tenons en famille, avec nos voisines et voisins, amies et amis;
- Le « qui s’occupe de quoi » à la maison;
- Les attentes que nous avons des autres qui peuvent correspondre à leur sexe;
- Les jeux que nous choisissons de jouer avec les enfants que nous côtoyons;
- Les blagues que nous racontons et celles qui nous font rire;
- Les émissions de télévision et les films que nous choisissons de visionner;
- Les mots que nous utilisons pour parler des femmes et d’autres groupes sociaux.
Sans nous en apercevoir, ces petits gestes s’accumulent et ont une incidence sur les relations futures des garçons avec les femmes et les filles.
La majorité des hommes ne seront jamais violents envers les filles et les femmes. Nous pouvons tous avoir un impact important en brisant le silence et en abolissant les tabous qui entourent ce problème. Il est donc important de parler franchement contre la violence, les agressions et les iniquités.
L’un des meilleurs moyens de briser le cycle de la violence consiste à établir une relation positive entre les garçons et les hommes adultes. La discussion, l’ouverture, la communication et la franchise auront une incidence tangible sur la création d’une société plus juste fondée sur des relations saines et égalitaires entre les sexes.
Nous pouvons tous poser des gestes constructifs et proactifs pour aider les garçons à développer une attitude positive envers les filles et les femmes.
Enjeux
Nous savons que la plupart des hommes croient en l’importance des relations saines et égalitaires entre les femmes et les hommes et qu’un grand nombre d’entre eux veulent jouer un rôle pour mettre fin à la violence contre les femmes.
Mais, avant d’agir, il est important de bien comprendre le problème. En quoi consiste la violence faite aux femmes? Quelles en sont les causes? Quel est le but visé quand on parle de changement? À quoi correspond une relation saine et égalitaire? Quel est le contraire d’une relation saine et égalitaire?
En explorant ces questions, vous serez plus en mesure de devenir un modèle positif et de contribuer ainsi à réduire la violence faite aux femmes.
Problématique
La violence contre les femmes est très présente dans notre société. Elle prend plusieurs formes qui ont toutes un élément commun à la base : l’abus du pouvoir exercé dans le but de contrôler une fille ou une femme. Bien que la plupart des actes de violence contre les femmes soient perpétrés par des hommes, il ne faut pas conclure à l’inverse, car la plupart des hommes ne sont pas violents envers les femmes. Cela dit, bon nombre d’hommes perpétuent la culture dominante ainsi que les croyances et les stéréotypes qui accentuent l’iniquité subie par les filles, les femmes et les personnes LGBTQ2S+.
Les filles et les femmes peuvent être la cible de violence physique, psychologique, émotionnelle, verbale, sexuelle et financière dans leur relation intime ou en avoir été victimes par le passé. Elles peuvent être forcées à avoir un contact sexuel quelconque par un homme qu’elles ne connaissent pas ou – bien plus souvent – par un homme qu’elles connaissent et en qui elles ont confiance. Elles peuvent aussi faire l’objet de harcèlement sexuel sous forme de paroles, de gestes ou d’autres moyens, dans la rue, la collectivité, au travail ou à l’école. Si une femme est victime de discrimination, d’exploitation ou d’injustice au sein d’un établissement ou en raison de certaines lois ou politiques sociales, on parle alors de violence institutionnelle.
Et, enfin, les filles et les femmes subissent différentes formes de cyberviolence, comme des agressions verbales et psychologiques lorsqu’on profère des propos sexistes et misogynes à leur égard en ligne, par exemple, sur des plateformes de médias sociaux. Elles peuvent subir du harcèlement et se faire traquer au moyen de la technologie (par exemple, un téléphone cellulaire, le logiciel de traque). Elles pourraient subir des cyberagressions sexuelles, par exemple, lorsqu’elles reçoivent des images sexuelles non voulues. Souvent la cyberviolence est un continuum et un moyen supplémentaire de contrôle qui relève de la violence dans une relation intime.
Toutes les formes de violence ont des répercussions souvent très graves, persistantes et insidieuses. Elles entraînent une panoplie de conséquences négatives sur la santé et le bien-être physiques et mentaux des filles et des femmes. Ces dernières peuvent perdre leur estime de soi, avoir honte, avoir peur ou ne pas avoir confiance en elles. Elles peuvent aussi développer divers problèmes de santé mentale, comme la dépression. Elles ont parfois des comportements destructifs, tels les troubles de l’alimentation, de toxicomanie et d’automutilation. Dans certains cas, les femmes qui subissent de la violence ou qui en sont des survivantes peuvent avoir des pensées suicidaires, et même faire des tentatives de suicide. Dans d’autres situations, les femmes peuvent être blessées physiquement et même mourir d’un acte de violence perpétré contre elles.
Pour en savoir plus sur l’incidence et les diverses formes de violence faite aux filles et aux femmes : lisez le feuillet intitulé La violence faite aux femmes et aux jeunes filles, rédigé par l’Institut canadien de la recherche sur les femmes; visitez le site Web de la campagne Voir la violence créée par l’organisme Action ontarienne contre la violence faite aux femmes; ou, visitez le site Web de l’organisme SOS violence conjugale
Relations abusives
Dans une relation où il y a de l’abus - que ce soit une relation intime, scolaire, amicale, professionnelle, entre un parent et un.e enfant, ou toute autre relation interpersonnelle - la personne responsable d’une agression se sert de certaines tactiques pour établir et maintenir un contrôle sur la personne qu’elle abuse. Les agressions perpétrées dans un contexte particulier (comme à l’école, dans le milieu de travail ou à la maison) peuvent avoir leurs propres caractéristiques. Toutefois, dans la plupart des relations abusives, un ou plusieurs des comportements suivants sont présents :
- Avoir recours à la coercition et aux menaces;
- Avoir recours à l’intimidation;
- Avoir recours à la violence psychologique;
- Isoler la femme (de sa famille, de son cercle social, des services sociaux);
- Nier son comportement abusif;
- Jeter le blâme sur la femme pour justifier son comportement abusif;
- Minimiser la gravité de son comportement abusif.
Il s’agit d’un contrôle coercitif : un ensemble de comportements contrôlants qui crée une dynamique de pouvoir inégale dans la relation. L’abuseur parvient ainsi à dominer sa conjointe, ce qui nuit grandement à la capacité de la femme à quitter un conjoint violent.
Une telle relation abusive caractérisée par le contrôle coercitif pourrait donner lieu à de la violence physique ou sexuelle. Cela renforce et amplifie le contrôle exercé par la personne responsable de l’agression et la terreur de celle qui la subit. Cependant, même si le contrôle coercitif ne s’aggrave pas, il s’agit d’une forme d’abus émotionnel qui peut provoquer des traumatismes psychologiques.
Dans les situations de violence conjugale, on retrouve certains ou l’ensemble de ces comportements et tactiques. De plus, l’homme peut avoir recours à l’exploitation financière en contrôlant l’accès de la femme à de l’argent. Il peut aussi utiliser les enfants pour contrôler sa conjointe, ou bien se servir de son privilège masculin en assumant, par exemple, des rôles traditionnels en vue de retenir tout le pouvoir.
Pour trouver des exemples qui illustrent ces manifestations de pouvoir et de contrôle dans une relation intime abusive, cliquez ici pour consulter la Roue du pouvoir et du contrôle créée par le Domestic Abuse Intervention Project.
Pour lire un article produit par le COPA National au sujet de l'intimidation sexiste ou fondée sur le genre en milieu scolaire, cliquez ici.
Causes du problème
Nous vivons dans une société où la violence et l’agression de certains hommes envers les femmes sont encore très présentes. Ces manifestations négatives proviennent de l’iniquité à l’endroit des femmes. Ces injustices ont de longues racines historiques. On a longtemps refusé aux femmes des droits fondamentaux, comme le droit de voter, d’avoir une carrière, d’être propriétaires ou de poursuivre des études supérieures. Dans certains pays, les femmes n’ont pas encore obtenu ces droits fondamentaux.
Si l’égalité des sexes est aujourd’hui inscrite dans les lois canadiennes, la violence et l’iniquité sociales demeurent une réalité pour les femmes sur le plan collectif. En tant que société, nous perpétuons ce problème social de génération en génération. Nous attribuons des caractéristiques et des comportements humains à la féminité ou à la masculinité, et nous obligeons les personnes à adhérer à une catégorie de genre ou à l’autre, selon leur sexe biologique. Les messages que nous transmettons aux enfants dès leur naissance au sujet des femmes et des hommes, des filles et des garçons, contribuent au problème.
En voici un exemple : La plupart des garçons et des hommes apprennent à ne pas montrer leurs émotions. On leur dit que c’est un trait féminin et un signe de faiblesse. On leur apprend que toute association à la féminité est négative et honteuse. Pourtant, les sentiments font partie de l’essence humaine. Lorsque nous essayons de réprimer nos sentiments, ils refont souvent surface sous forme d’agression et de violence.
Ces attitudes, croyances, normes et facteurs sociaux contribuent à maintenir l’iniquité, le sexisme et la misogynie et à perpétuer la violence contre les femmes dans toute leur diversité, incluant les femmes trans, et la violence contre les personnes qui s’identifient comme LGBTQ2S+.
La violence contre les filles et les femmes est également perpétuée sur le plan individuel ou familial par le « cycle de la violence » qui peut se répéter de génération en génération. De nombreux garçons sont exposés à la violence contre leur mère en grandissant ou en sont victimes eux-mêmes. Bon nombre de ces garçons et hommes éliminent la violence de leur vie. D’autres ont malheureusement recours à la force dans leurs relations personnelles. Le cycle de la violence est perpétué lorsque l’expérience personnelle et familiale de violence est renforcée par les valeurs, les normes et les structures de la société plus large.
Prévention – une vision
Pour réussir à faire un changement positif, il est nécessaire de savoir ce qu’on désire créer, où on s’en va et ce qui sera différent.
Relations saines et égalitaires
Nous pouvons prévenir la violence faite aux filles et aux femmes en faisant la promotion de relations saines et égalitaires, que cela soit à la maison, à l’école, au travail ou dans la collectivité et la société. Pour ce faire, il est important de déterminer les caractéristiques d’une telle relation.
Dans une relation saine et égalitaire - qu’elle soit intime, scolaire, amicale, professionnelle, entre un parent et un enfant, ou autre – on reconnaît, respecte et valorise l’humanité, la dignité et le bien-être des personnes.
Quand on parle d’égalité dans une relation interpersonnelle, on ne parle pas nécessairement de pouvoir égal. Par exemple, dans une relation entre parent et enfant, entre enseignante ou enseignant et élève, ou entre employeur et employée ou employé, il n’y a pas égalité de pouvoir. Dans ces contextes, l’une des personnes détient plus de pouvoir, en raison d’un arrangement économique ou juridique, ou d’une caractéristique intrinsèque (par exemple, l’âge).
Quand on parle de relation égalitaire, on veut dire que toutes les personnes concernées ont la même valeur fondamentale. Les besoins et le point de vue de chaque personne sont importants et valides. Par conséquent, il est important que la personne qui détient plus de pouvoir s’en serve de façon positive afin de favoriser le bien-être de l’autre qui en a moins. En même temps, il est important que les deux personnes se comportent l’une envers l’autre avec respect.
Les relations interpersonnelles peuvent avoir des caractéristiques précises liées à un contexte en particulier. Pour que la relation soit saine et égalitaire, il est important que l’un ou plusieurs des comportements suivants soient présents :
- Négociation et équité;
- Comportements non menaçants;
- Respect;
- Confiance et soutien;
- Honnêteté et responsabilité.
Toutes ces caractéristiques sont présentes dans une relation intime saine et égalitaire. Lorsqu’il s’agit de deux personnes qui cohabitent, on remarquera également un partenariat économique, une responsabilité partagée pour les décisions et les tâches et un parentage responsable (lorsqu’il y a des enfants).
Pour trouver des exemples de manifestations d’égalité dans une relation intime, cliquez ici pour consulter la Roue de l’égalité créée par le Domestic Abuse Intervention Project.Réduire la vulnérabilité
La promotion des relations saines et égalitaires constitue une composante importante de la prévention de la violence contre les femmes, sous toutes ses formes. Toutefois, étant donné que la violence est un problème social, sa prévention requiert un changement et des stratégies multidimensionnelles afin de traiter la source du problème.
Comme groupe, les femmes (ainsi que les enfants et d’autres groupes sociaux qui vivent des injustices) sont particulièrement vulnérables à la violence. Cela s’explique par les facteurs sociaux influençant très souvent les circonstances de leur vie. En général, les femmes sont plus vulnérables à la violence lorsqu’elles :
- manquent d’information sur le type de violence qu’elles sont plus susceptibles de subir et sur les stratégies de prévention;
- manque du pouvoir ou sont dépendantes – psychologiquement, financièrement ou physiquement – de l’agresseur;
- sont isolées des autres femmes et des services et ressources de soutien de leur collectivité.
Quelques exemples de stratégies efficaces visant à réduire la vulnérabilité des femmes à la violence sont les suivants :
- fournir aux femmes (ainsi qu’aux enfants et aux autres groupes sociaux qui vivent des injustices) de l’information à jour et réaliste sur le type de violence qu’elles sont plus susceptibles de subir, et sur des stratégies de prévention;
- accroître la capacité des femmes d’avoir le contrôle de leur propre vie en augmentant leur pouvoir personnel et social;
- établir des réseaux de soutien entre femmes et avec les ressources communautaires.
Les stratégies qui créent les conditions propices visant à aider les femmes (ainsi que les enfants et d’autres groupes sociaux vulnérables) à reconnaître et à activer leur pouvoir personnel et collectif sont fondées sur une approche appelée « l’autonomisation ». Les stratégies qui permettent aux femmes de reprendre leur pouvoir en renforçant leurs capacités et en augmentant leur confiance, leur estime de soi, leurs options et leur mobilité peuvent renforcer leur autonomisation.
(Pour en savoir plus sur la prévention de la violence faite aux femmes et aux enfants en ayant recours aux stratégies fondées sur l’autonomisation, veuillez consulter l'article intitulé Réduire la vulnérabilité à la violence).
Rappelons que la question du pouvoir est à la base de toutes les formes de violence. C’est pourquoi il est essentiel de comprendre comment remettre en question le pouvoir et comment traiter des pouvoirs et privilèges de façon positive pour prévenir la violence contre les femmes. En tant qu’alliés, les hommes peuvent jouer un rôle important à bien des égards.
Consentement aux relations sexuelles
En vertu de la loi au Canada, toute personne doit explicitement obtenir le consentement de sa ou de son partenaire avant d’entamer toute tentative d’activités sexuelles et s’assurer du consentement tout au long de ces activités. Or, il y a à ce sujet beaucoup de confusion, et aussi un manque d’information et de compréhension. Cela est particulièrement vrai dans le cas des jeunes qui reçoivent des messages mixtes ou négatifs sur le sexe et la sexualité de la part des médias et de leurs pairs. Le résultat : un grand nombre de filles et de femmes continuent de subir des agressions sexuelles au Canada.
Les normes de masculinité et de féminité traditionnelles perpétuent en partie le risque d’agressions sexuelles. Les mythes sont enchâssés dans la socialisation traditionnelle des filles et des garçons. Le mythe de l’homme qui ne peut pas se contrôler est jumelé au mythe de la femme qui ne dit pas vraiment ce qu’elle veut. Ces idées fausses créent des situations dans lesquelles les hommes tentent de rehausser leur statut social en ayant recours à des activités sexuelles, alors que les femmes hésitent à s’affirmer, ayant peur de blesser les sentiments de l’autre, de paraître masculines ou d’aggraver le caractère violent de leur partenaire.
Les hommes qui désirent jouer un rôle positif auprès des garçons et des jeunes hommes peuvent s’outiller pour faciliter la discussion autour de tous les aspects d’une relation saine et égalitaire. Ils peuvent commencer par bien comprendre la notion du consentement, en réfléchissant à ce qui N’EST PAS un consentement.
Pour être valide, le consentement doit être libre et fondé sur de l’information exacte. Le consentement est maintenu tout au long d’une relation sexuelle et doit être donné et reçu (ou aboli) mutuellement chaque fois qu’une nouvelle activité est amorcée. Le consentement à une activité sexuelle mène à une expérience plaisante et enrichissante.
Les personnes doivent être capables de donner leur consentement. On ne peut pas parler de consentement si la situation implique des drogues ou de l’alcool, si une des personnes est en position d’autorité ou s’il y a un élément de peur ou de force. (Pour approfondir vos connaissances à ce sujet, veuillez voir la Roue des trois « oui » du consentement créée par le COPA National – un outil éducatif sur le concept du consentement.)
L’agression sexuelle se définit donc comme tout contact sexuel forcé.
La force prend diverses formes et peut s’exercer de bien des façons. Par exemple, lors d’une agression sexuelle, un homme peut utiliser de la force physique, verbale ou psychologique, comme la culpabilité, la menace de violence ou de rejet ou le chantage affectif. Il peut avoir plus de pouvoir que la femme simplement en raison de sa position d’autorité (par exemple, dans le cas d’un employeur, d’un enseignant, d’un gardien ou d’un chef religieux). Chaque fois que la force est employée pour imposer un rapport sexuel, la personne qui agresse est toujours la seule entièrement responsable de l’agression.
Respect des limites personnelles
On peut développer chez l’enfant dès un très jeune âge (bien avant l’âge de la maturité sexuelle) la capacité et l’habitude de demander le consentement de l’autre dans une variété d’interactions et de contextes de la vie quotidienne. Cette capacité mènera éventuellement à une aptitude à développer une relation sexuelle saine et égalitaire plus tard dans sa vie. La clé pour développer cette prise de conscience et cette compréhension est de lui enseigner la notion des limites personnelles.
Nos limites personnelles sont comme un espace invisible autour de nous, un espace affectif et physique. Les limites personnelles de chaque personne sont uniques et individuelles. Elles peuvent changer selon le contexte, le moment, ou les gens concernés dans une situation donnée.
Afin de reconnaître nos limites personnelles, il est important d’écouter notre instinct et de porter attention à nos sentiments. Lorsqu’une personne dépasse notre limite personnelle en entrant dans notre espace personnel contre notre volonté – soit par des paroles, des gestes ou par contact ou force physique – nous pouvons éprouver de la peine, de la colère, de la peur, de la confusion, ou tout autre sentiment. Nous pouvons ressentir ces choses physiquement aussi. Par exemple, nous pouvons devenir tendus, avoir mal à la tête ou à une autre partie du corps, être incapables de bouger ou avoir d’autres sensations.
Nos limites personnelles nous sont propres. Elles sont différentes pour chaque personne. Nous avons le droit de les nommer et de les défendre, tant et aussi longtemps que nous ne brimons pas les droits ni les limites personnelles des autres.
Limites personnelles dans la vie quotidienne des enfants
Quand les enfants apprennent en bas âge l’importance des limites personnelles– les leurs et celles des autres – ils sont mieux outillés pour vivre sainement les situations et relations sexuelles à mesure qu’ils avancent en âge. On peut montrer aux enfants en quoi consistent les limites personnelles dans diverses situations quotidiennes, par exemple :
- Dans les interactions quotidiennes – entre enfants, entre enfants et adultes et entre adultes – qu’elles aient lieu à la maison, à l’école ou dans la collectivité;
- Dans les situations d’intimidation à l’école, dans la cour d’école, dans la salle de classe, dans les corridors, le coin-repas ou à la cafétéria;
- Dans les situations de conflit entre enfants (frères et sœurs, membres de la famille, élèves et voisins);
- Dans les conflits entre adultes ou entre adultes et enfants (comme parents, enseignants, entraîneurs, leaders communautaires ou membres de la famille).
Les hommes qui donnent un exemple positif peuvent incarner le principe du respect des limites personnelles de diverses façons, c’est-à-dire :
- En faisant preuve de respect par rapport au point de vue, aux opinions, aux sentiments et aux besoins des autres, y compris ceux des enfants;
- En donnant l’exemple d’une affirmation de soi saine relativement à leurs propres points de vue, opinions, sentiments et besoins (pour en savoir plus sur la différence entre l’attitude passive, agressive ou affirmative, cliquer ici);
- En dénonçant ou en posant un geste devant toute situation de non-respect du point de vue, de l’opinion, des sentiments et des besoins d’une personne (y compris d’un enfant) ou de transgression de ses limites personnelles.
Lorsque les enfants observent ces comportements chez la personne adulte ou en sont témoins, ils sont plus susceptibles d’adopter une attitude de respect pour leurs propres limites personnelles et celles des autres. Avec l’aide des adultes, les enfants peuvent développer les aptitudes nécessaires pour définir, respecter et affirmer leurs propres limites personnelles et celles des autres dans diverses situations sociales. Ils pourront aussi adapter ces aptitudes et attitudes aux rencontres sexuelles avec des partenaires intimes plus tard dans leur vie.
À l’adolescence, les enfants ont besoin d’information qui traitera plus directement des questions de prévention des agressions sexuelles et du consentement dans le contexte des relations intimes. La compréhension et le respect de leurs propres limites personnelles et de celles des autres développés en bas âge serviront d’excellente fondation à ces discussions.
Vers le changement
Il arrive souvent que nous voyions, entendions ou apprenions quelque chose qui nous motive à vouloir faire un changement. Nous sommes mus par la volonté de faire avancer les choses, de crier haut et fort nos convictions, de décrier les injustices et la violence dans ce monde et de nous mettre au service d’une cause importante.
Parfois, on peut se demander : « Qu’est-ce que je peux faire? Je ne suis qu’une personne? ». Mais sachez que vous avez un rôle important à jouer pour mettre fin à la violence faite aux filles et femmes.
Vous pouvez contribuer
La violence faite aux femmes est un problème qui concerne toute la société, que nous soyons femmes ou hommes. Depuis les années 1960 et 1970 (et avant), les mouvements féministes font des efforts pour dénoncer et prévenir cette injustice. Les femmes activistes, avec l’aide d’hommes alliés, se sont servies d’une panoplie de moyens pour atteindre ce but : sensibiliser l’opinion publique, remettre en question la socialisation traditionnelle des femmes et des hommes, mobiliser les gens à travailler pour le changement et altérer les facteurs sociaux qui rendent les femmes vulnérables à la violence commise par certains hommes. Malheureusement, malgré ce travail acharné, la violence contre les femmes demeure une réalité. Par ailleurs, les modèles traditionnels qui déterminent la socialisation des filles, des femmes, des garçons et des hommes – véhiculés dans Internet, dans les médias incluant les réseaux sociaux, au sein de nos familles, de nos voisinages, de nos collectivités et de nos milieux de travail – dépeignent une image rigide et malsaine de la masculinité et de la féminité. Cela contribue à perpétuer les inégalités et les injustices dans les rapports sociaux entre les sexes et les genres. Il est encore nécessaire aujourd’hui de lutter en faveur de l’équité des femmes comme groupe social pour leur permettre de reprendre le pouvoir sur leur vie afin que chaque femme puisse vivre sans violence.
Comment faire évoluer la société? Comment inciter un changement dans les attitudes et déclencher un travail de conscientisation? Comment mobiliser les hommes de bonne foi qui désirent travailler pour le changement? Une masse critique d’hommes, prêts à entamer un processus de prise de conscience qui leur permettra de s’ouvrir aux mille et une possibilités et aux divers visages d’une masculinité saine, humaine et sans violence, ont un énorme potentiel de transformer nos collectivités. Les hommes font partie intégrante de la solution et leur participation à la prévention de la violence contre les femmes est essentielle.
C’est dans ce contexte que vous avez du pouvoir. Vous avez le pouvoir d’initier des conversations avec vos pairs, les membres de votre famille, vos collègues et avec les hommes et les garçons de votre entourage. Par le dialogue et l’échange, les hommes peuvent prendre en main le défi collectif de réfléchir aux conceptions de la masculinité, de poser des gestes significatifs et d’entraîner un changement social.
Devenir un homme
Si vous vous attardez à l’influence que vous avez sur les garçons, vous réfléchirez aux messages que vous transmettez chaque jour par vos comportements, vos gestes et vos mots. Cette réflexion vous amènera peut-être à mieux comprendre ce que vous avez absorbé et ce que vous communiquez sur ce que c’est que d’être un homme.
Nous ne sommes pas nés femmes ou hommes; nous devenons des hommes ou des femmes par la formation et l’éducation que nous recevons, c’est ce qu’on appelle la socialisation. Évidemment, il est important d’enseigner aux enfants comment socialiser, comment fonctionner au sein d’une société. Notre milieu familial, nos écoles et les médias (films, télévision, Internet, services de diffusion Web, réseaux sociaux, jeux vidéos, etc.) sont les principaux outils de socialisation. C’est au moyen de ces outils que, comme enfants, nous apprenons à décoder les messages sur les façons d’agir avec les autres et sur les façons de nous comporter en public.
Un grand nombre d’outils de socialisation actuels imposent des idées très arrêtées sur ce qui est considéré comme étant un homme « masculin » et une femme « féminine ». En plus d’imposer ces normes, nous accordons une plus grande valeur aux traits masculins, donc une supériorité. C’est ainsi que nous forgeons notre genre – le rôle social donné à une personne en raison de son sexe biologique. Ce processus se produit à un si jeune âge que nous sommes profondément influencés par ce dernier. Nous absorbons les idées et les valeurs de notre famille et de la société à un point tel qu’elles deviennent rapidement « normales » et naturelles.
Les caractéristiques « féminines » et « masculines » suivantes résument les normes liées au genre qui existent dans la société d’aujourd’hui. Bien que les choses aient changé quelque peu et que nous soyons exposés à une plus grande diversité d’images et d’idées par rapport à la masculinité et la féminité, un survol rapide de la culture dominante démontre clairement que ces normes sont toujours en vigueur :
- La femme « féminine » ou « idéale » : passive, soumise, empathique, aimante, plus petite physiquement et plus faible, mince, vulnérable, coopérative, craintive, timide, discrète, démunie, besoin d’être sauvée par un homme, suit et appuie l’homme, etc.
- L’homme « masculin » ou « idéal » : dominant, agressif, fort, dur, compétitif, athlétique, orienté vers l’action, gagnant, responsable, grand physiquement et musclé, puissant, leader, courageux, protecteur, défendeur, confiant, honorable, sage, offre des solutions, etc.
Normes liées au genre : récompenses et punitions
Comment amenons-nous les enfants à adopter certaines valeurs, certains comportements et certaines attitudes qui ne sont pas nécessairement naturels? On apprend aux garçons à être masculins de diverses façons. S’ils adhèrent aux normes prescrites, ils sont assurés – au fur et à mesure qu’ils grandissent – de rehausser leur statut social, d’avoir le respect des autres, de confirmer leur autorité et d’obtenir plusieurs autres privilèges. Plus ils personnifient l’idéal « masculin », plus leurs pairs et les adultes qui les entourent les respectent, les admirent et les récompensent.
Par contre, s’ils s’écartent de cet idéal, ils sont punis et risquent de devenir la cible d’insultes misogynes ou homophobes (voir Glossaire). Les garçons qui résistent au code de comportements masculin sont souvent exclus par leurs pairs. Il arrive même que leurs camarades et les adultes qui en prennent soin deviennent violents ou abusifs envers eux pour montrer leur désaccord.
On récompense également les filles qui adhèrent aux normes et on les punit si elles ne s’y conforment pas. Fait intéressant, on récompense certaines filles et femmes qui adoptent des traits masculins. On dit d’elles avec affection que ce sont des « garçons manqués ». Par contre, on dénonce les garçons et les hommes qui adoptent des traits féminins et on se moque d’eux en les traitant « d’efféminés » et en leur disant qu’ils sont faibles. La différence entre ces réactions illustre très bien la grande valeur que l’on attribue à tout ce qui est masculin.
Modèle de masculinité dominant : avantages et désavantages
Derrière les avantages que le pouvoir et le statut confèrent aux hommes qui adhèrent aux normes de masculinité traditionnelles se cachent des pièges et des inconvénients. Premièrement, la grande majorité des garçons et des hommes n’arriveront jamais à satisfaire les normes strictes et rigides liées à la « masculinité » établies par notre société. Pour la plupart des garçons et des hommes, ces normes les mènent tout droit à l’échec. Aucune personne ne réussit à avoir le contrôle absolu, à toujours être brave et forte et à avoir toutes les réponses et toutes les solutions à tous les problèmes de la vie. Ces normes impossibles à satisfaire ne peuvent que générer des sentiments d’insécurité et de médiocrité perpétuels.
Deuxièmement, en s’efforçant de satisfaire à ces normes rigides, les garçons renoncent à des parties d’eux-mêmes qui sont au cœur de leur humanité. Selon l’auteur Michael Kaufman, « les hommes ont un prix à payer pour le pouvoir universel qu’ils ont », prix qui se traduit par la violence, le refoulement de leurs émotions ou de devoir composer avec « une hiérarchie complexe de quelques hommes qui se trouvent au-dessus d’autres hommes » (extrait de Michael Kaufman, Cadre d’action pour faire participer les hommes et les garçons à l’avancement de l’égalité entre les sexes et à l’élimination de la discrimination et de la violence à l’endroit des femmes et des filles, préparé pour l’UNICEF en 2003. Vous trouverez d’autres articles de Michael Kaufman en français à michaelkaufman.com.
Traits « masculins » : un choix
Vous n’êtes pas responsables d’avoir appris ces leçons, d’avoir absorbé ces messages sur les hommes et les femmes qui vous ont été enseignés à un si jeune âge. Vous n’êtes pas non plus responsables des privilèges sociaux accordés aux hommes. Toutefois, en tant qu’hommes adultes, vous êtes responsables de reconnaître et de vous interroger sur vos privilèges et de faire un effort pour partager votre pouvoir. Vous avez également la responsabilité de vous interroger sur les messages sur le genre afin de comprendre leurs répercussions sur les autres, et plus particulièrement sur les filles et les femmes.
En faisant une introspection honnête et des efforts proactifs, vous pouvez « désapprendre » ces comportements, ces valeurs et ces attitudes qui – intentionnellement ou non – enlèvent parfois du pouvoir aux filles et aux femmes. Par exemple, dans quelles circonstances la « galanterie » sert-elle à faire preuve de respect, à poser un geste gentil ou à aider quelqu’un? Dans quelles circonstances exerce-t-elle un contrôle indu sur les filles et les femmes ou mine-t-elle leur confiance en elles? Ce sont des réflexions que les hommes peuvent faire en dialoguant et en échangeant avec les femmes et les filles de leur entourage.
Le genre comme continuum
Il est important de se rendre compte que les caractéristiques dites « masculines » ne sont pas intrinsèquement mauvaises, pas plus que les caractéristiques dites « féminines » sont bonnes. Ensemble, elles représentent deux bouts d’un continuum de valeurs, de qualités et de traits humains. Nous nous situons toutes et tous à un point quelconque sur ce continuum. Nous avons le pouvoir, la capacité et la responsabilité en tant qu’individus de choisir les valeurs et les comportements que nous voulons retenir ou rejeter. Nous pouvons même choisir de remettre en question l’existence des catégories « féminine » et « masculine » en reconnaissant que ces caractéristiques font partie du grand répertoire des caractéristiques humaines.
La masculinité comme choix conscient
Comme hommes, nous pouvons choisir de briser le moule de la masculinité qui nous a été imposé. Nous pouvons réunir les valeurs et les traits qui représentent réellement la personne que nous sommes. Nous pouvons choisir de retenir certains traits dits « masculins » et de les redéfinir. Nos choix peuvent être guidés par des discussions honnêtes, une introspection et un examen de nos motifs et des répercussions sur les autres, plus particulièrement sur les filles et les femmes.
Il n'est pas facile de briser le cycle de la socialisation des garçons. Nous avons toutes et tous de la difficulté à nous libérer des idées et des images préconçues à propos des femmes et des hommes. Nous apprenons toutes et tous une nouvelle manière d’être et d’interagir entre nous. Cela prend une certaine force de caractère. Nous pouvons faire preuve de courage, de patience, de compassion et de gentillesse envers nous-mêmes et envers les autres.
Soutenir les enfants quand ils tentent de résister aux normes établies
Les enfants peuvent résister ou essayer de résister aux normes qui leur sont imposées en vue de vivre leur vie de façon authentique. Comme modèle de masculinité positif, vous pouvez choisir de soutenir les enfants – garçons et filles – qui s’efforcent de devenir des humains à part entière en incarnant toute la gamme de caractéristiques « féminines » et « masculines ». Par exemple, vous pouvez :
- offrir un soutien aux filles de votre famille, de votre collectivité ou de votre milieu de travail lorsqu’elles :
- expriment leur colère ou leurs opinions de façon directe et constructive;
- s’affirment;
- assument un rôle de premier plan;
- portent des vêtements qui ne sont pas considérés comme étant « féminins » ou qu’elles se font couper les cheveux courts;
- offrir un soutien aux garçons de votre famille, de votre collectivité ou de votre milieu de travail lorsqu’ils :
- jouent avec des poupées au lieu de camions;
- prennent des cours de danse ou participent à des activités dites « féminines »;
- refusent de se battre;
- pleurent ou parlent de leurs sentiments et lorsqu’ils ont peur ou qu’ils sont bouleversés;
- osent porter des vêtements ou des couleurs qui ne sont pas considérés comme étant « masculins ».
Il importe de ne pas sous-estimer l’impact que nous avons sur les enfants qui osent déroger aux règlements liés au genre lorsque – comme modèle adulte – nous leur offrons notre soutien et notre validation. Même le mot le plus simple et le geste le plus inoffensif peuvent être d’une grande importance pour un enfant qui se sent probablement très seul.
S’engager
Lorsque nous songeons à nous engager à faire un changement positif dans notre société, il peut être encourageant de savoir que nous ne sommes pas seuls. En effet, il y a de nombreuses femmes et de nombreux hommes autour du monde qui se mobilisent et agissent depuis plusieurs années pour améliorer les choses.
Le féminisme rendra possible pour la première fois aux hommes d’être libres (Floyd Dell, 1914)
Heureusement, de nombreuses personnes autour du monde remettent en question les présomptions courantes sur ce qui est considéré comme étant « normal » pour les femmes et les hommes. Les groupes féministes reconnaissent qu’au niveau collectif, il existe un déséquilibre de pouvoir entre les femmes et les hommes. Cette inégalité systémique, qu’on appelle le sexisme, se manifeste de diverses façons par des injustices dans les sphères sociales, économiques et politiques d’une société. La violence contre les femmes en est un exemple.
Il existe une grande diversité de points de vue et plusieurs courants au sein du mouvement féministe. Ce mouvement dynamique tire sa force des expériences réelles des femmes dans toute leur diversité, à sur tous les plans.
Le féminisme vise l’équité entre les femmes et les hommes dans tous les aspects de la vie privée et publique. Le féminisme intersectionnel nous permet de constater qu’il existe de multiples formes d’oppression créant des couches de pouvoir et de privilège sociaux qui se chevauchent. Les actions des groupes féministes ont pour premier but de lutter pour les droits des femmes afin de mettre fin aux injustices qu’elles subissent collectivement, peu importe leur situation géographique ou socio-économique, leurs origines ethnoculturelles, leur orientation sexuelle, leur identité de genre, leur capacité physique et intellectuelle, et toute autre caractéristique.
Les mouvements féministes lancent un défi aux normes sociales fondées sur le genre qui imposent des règles de masculinité et de féminité rigides. Ces mouvements envisagent un monde où chaque personne aura la liberté de se définir en tant qu’être humain à part entière, sans égard aux attentes sociales associées au genre.
Mythes
Le féminisme est souvent associé à des mythes, tels que :
- « Les féministes sont anti-hommes. »
- « Le féminisme vise à créer une société où les femmes ont tout le pouvoir. »
- « Le féminisme est un complot pour mettre les hommes dans la cuisine. »
Les iniquités nous nuisent
La promotion des relations saines et égalitaires et la lutte pour l’équité des femmes sont inséparables de la lutte contre toutes les formes d’iniquité. Cela est dû au fait que les femmes et les hommes représentent toute la diversité de l’espèce humaine. Afin de contrer les injustices sociales vécues collectivement par les femmes, il est nécessaire de cibler également les injustices faites à tous les groupes sociaux marginalisés. La promotion des relations saines et égalitaires est alors intrinsèquement liée à la promotion de l’équité et de l’inclusion sociale. Pour plus d’information au sujet de la promotion de l’équité et de l’inclusion sociale, visitez le site Web du COPA National Bien-être à l’école.
L’iniquité à l’égard des femmes est particulièrement liée à d’autres formes d’iniquité : l’homophobie, la transphobie et l’adultisme.
L’homophobie et la transphobie
Le sexisme est étroitement lié à l’homophobie et à la transphobie (voir Glossaire) par la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. La peur et la haine des personnes LGBTQ2S+ (les personnes bispirituelles, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transsexuelles, transgenres, qui se questionnent par rapport à leur sexualité) est à la racine de ces formes de discrimination. L’homophobie se manifeste par des insultes homophobes et, parfois, par la violence faite aux personnes lesbiennes ou gaies. La transphobie comprend aussi des agressions verbales et physiques. Les femmes et les filles trans vivent une plus grande vulnérabilité à la violence. La peur, la haine et la discrimination contre les personnes LGBTQ2S+ peuvent également se manifester par la violence physique, verbale ou psychologique contre les filles et les garçons et les hommes et les femmes qui transgressent les normes fondées sur le genre.
Il est important de souligner que ce sont les personnes LGBTQ2S+ qui vivent les répercussions les plus graves de ces formes de discrimination insidieuse. Toutefois, chaque personne dans notre société peut être la cible de discrimination fondée sur le genre et l’orientation sexuelle si elle ne suit pas les « règles » liées aux normes fondées sur le genre, ou si elle est perçue comme étant une personne LGBTQ2S+. La lutte contre l’homophobie, la transphobie et toutes les formes de discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ou le genre est alors inséparable de la lutte contre le sexisme et la violence faite aux filles et aux femmes. Une stratégie clé constitue en la valorisation des relations saines et égalitaires entre les femmes et les hommes.
Adultisme
Le sexisme, l’homophobie et la transphobie sont également liés à l’adultisme (voir Glossaire). En effet, la socialisation (principal mécanisme d’éducation sociale) se fait principalement par le pouvoir que les adultes exercent sur les enfants et les jeunes. La socialisation fondée sur les notions traditionnelles liées au genre force les enfants à étouffer certains aspects de leur nature humaine, même si l’expression de ces caractéristiques ne fait de mal à personne et ne fait aucun dommage. Les enfants se sentent obligés d’adopter les caractéristiques dites « normales ».
Les adultes qui exercent un pouvoir positif favorisent le développement sain des enfants. Les adultes qui exercent un pouvoir négatif peuvent en fait freiner le développement et la croissance des enfants. Si, comme adultes, nous apprenons à respecter les enfants comme personnes à part entière, nous voyons plus clairement comment la socialisation traditionnelle peut limiter le développement sain des enfants. Il importe donc de questionner et même de partager notre pouvoir de façon appropriée en vue d’améliorer la capacité des enfants à faire des choix et à prendre des décisions.
Une telle approche, surnommée l’autonomisation, facilite la reprise du pouvoir par les enfants en les aidant à développer leur autonomie, leur confiance en soi et leur interdépendance avec leur pairs et d’autres sources de soutien, incluant les adultes. Elle augmente également la capacité des enfants à développer pleinement leur identité authentique, sans se voir imposer les contraintes des normes liées au genre. (Pour en savoir plus sur l’autonomisation individuelle, veuillez consulter le document « Réduire la vulnérabilité des enfants par l’autonomisation ».)
Importance du changement
Le mouvement féministe, appuyé par les personnes qui s’identifient comme étant proféministes (voir Glossaire), réfute l’idée de la conception « naturelle » de ce que c’est d’être une femme ou un homme. Cette conception met les individus dans des carcans et leur impose des comportements et des façons d’être qui peuvent souvent les vulnérabiliser (s’il s’agit d’une femme) ou avaliser une dominance quelconque (s’il s’agit d’un homme). De telles normes sociales limitent le plein épanouissement d’une personne en tant qu’être humain.
Le féminisme est une force positive puisqu’au fond sa vision est inclusive. À partir d’un point de vue féministe, nous sommes en mesure de reconnaître le déséquilibre de pouvoir entre les femmes et les hommes, les enfants et les adultes et d’autres groupes sociaux.
Le carcan « genré » ciblé par la pensée féministe suggère que pour apporter un changement, il est essentiel d’engager les hommes dans la lutte pour l’équité sociale entre les sexes et les genres. En effet, l’engagement des hommes dans le mouvement féministe comporte de nombreux avantages :
- La possibilité de se libérer des rôles restrictifs assignés au sexe et fondés sur le genre;
- Transmettre le message essentiel du féminisme concernant l’importance de l’équité;
- Créer une société plus juste et inclusive où chaque personne se sent respectée et a sa place;
- Augmenter le nombre de lieux sécuritaires pour les femmes et les membres d’autres groupes marginalisés;
- Donner un rôle aux hommes dans la lutte contre l’homophobie, la transphobie, la misogynie, le sexisme et les agressions contre les femmes;
- Assurer que les garçons et les jeunes hommes ont accès à des modèles accessibles qui cultivent des relations saines et égalitaires.
En somme, la visée du féminisme est d’augmenter le nombre de personnes qui ont la possibilité d’influencer le parcours de leur propre vie par un meilleur accès au pouvoir politique et social collectif. À la longue, le féminisme vise à garantir à toutes et à tous la possibilité de combler leurs besoins et de jouir pleinement de leurs capacités, de leurs talents et de toute la gamme de leurs traits de caractère.
Devenir un allié
Nous devenons les alliés des filles, des femmes, des garçons et des autres groupes marginalisés lorsque nous nous engageons à agir contre la violence et l’iniquité sous toutes ses formes. (Voir Passer à l’action.) Nous pouvons prendre position contre le sexisme et la misogynie et d’autres formes d’injustice et agir en faveur de l’équité et l’inclusion de diverses façons – du simple mot et geste aux initiatives très larges qui ciblent le changement social. (Pour des exemples de stratégies favorisant la promotion de l’équité et de l’inclusion en milieu scolaire, rendez-vous au site Web Bien-être à l’école.).
Le processus du changement
Toute personne a la capacité d’être l’alliée des filles, des femmes, des garçons et de tous les groupes marginalisés et exclus. Il est important d’accepter le fait qu’il n’existe aucune solution magique. Les changements qui favorisent l’équité et l’inclusion sont le résultat d’un long processus d’apprentissage, de questions, d’échange, d’écoute, d’explication et d’essais. On doit faire preuve de patience et de détermination.
Il est également important de savoir que le travail ne sera jamais fini et que nous ferons des erreurs en cours de route. Il est absolument essentiel d’avoir de la compassion pour nous-mêmes, nos collègues, les autres hommes, les enfants et les jeunes tout au long de ce cheminement. Les enfants et les jeunes peuvent apprendre d’importantes leçons sur le rôle d’allié lorsque les enseignantes, les enseignants, les monitrices, les moniteurs, les entraîneurs, les leaders communautaires, les parents, tutrices et tuteurs, les familles et les autres adultes agissent comme leurs alliés.
Pour créer un milieu scolaire, communautaire et sociétal plus équitable et plus inclusif, il est nécessaire d’abord d’examiner nos propres privilèges et notre position dans la société.
Reconnaître nos privilèges
Les féministes ont réussi à exposer le fait que notre société accorde du pouvoir et un statut élevé à la masculinité par rapport à la féminité, de telle sorte qu’il est avantageux d’être un homme. Les hommes bénéficient collectivement de privilèges sociaux (des droits invisibles, non mérités et dont ils ne sont pas conscients), que cela soit dans leurs rapports quotidiens ou au sein de la société. Ces avantages sont souvent perçus comme étant « naturels ».
Bien que d’autres aspects de l’identité d’un homme puissent mitiger son statut social relatif, cet aspect de son identité lui confère des avantages et il peut profiter de débouchés simplement en vertu de son sexe biologique. (Pour en savoir plus sur le pouvoir et l’identité, cliquez sur « Pouvoir et identité ».) Ces privilèges donnent un avantage non mérité dans plusieurs, voire la majorité, des situations professionnelles, personnelles et sociales.
Le travail pour la promotion des relations saines et égalitaires entre les femmes et les hommes vise à redresser le déséquilibre de pouvoir afin de réduire la vulnérabilité non seulement des femmes, mais également de tout autre groupe vulnérable. On atteint cet objectif lorsqu’on favorise l’ « autonomisation » (voir Glossaire) individuelle et collective de tous les groupes vulnérables.
L’autonomisation est accomplie lorsqu’on crée des conditions qui permettent aux femmes, aux filles et aux membres des gro upes vulnérables de reprendre leur pouvoir, par exemple : de développer, d’augmenter et de reconnaître leurs compétences et leurs capacités de leadership et d’atteindre une autonomie décisionnelle. Un élément clé de ce projet social est la remise en question des rôles sociaux accordés aux sexes et la construction des normes sociales associées aux genres, et les contraintes sociales afférentes.
Pour réduire la vulnérabilité des autres, le premier pas consiste à reconnaître que les garçons et les hommes ont des privilèges sociaux par rapport à d’autres groupes. (Pour consulter la liste de questions favorisant la réflexion sur les privilèges masculins, veuillez cliquer sur Privilèges dont bénéficient les hommes et les garçons en milieu scolaire.)
Briser le silence
La violence contre les femmes se perpétue d’une génération à l’autre à cause de l’iniquité à leur égard et du secret et du silence qui l’entourent. On maintient également l’iniquité à l’égard des groupes sociaux marginalisés en partie parce que l’on ne reconnaît pas qu’elle existe ou on l’accepte comme étant « normale ». Être l’allié des filles, des femmes et des autres groupes vulnérables nous pousse à briser le silence qui entoure la violence et les agressions faites aux filles et aux femmes, aux enfants (filles et garçons) et à tous les groupes vulnérables. Ce rôle nous incite également à reconnaître et à nommer toutes les formes d’iniquité et d’exclusion sociale lorsqu’on en est témoin.
Il faut beaucoup de courage pour briser le silence qui entoure ces injustices, souvent acceptées comme étant « normale ». En tant qu’hommes adultes, alliés des filles et des femmes, nous avons un rôle clé à jouer en parlant franchement du sexisme et de la misogynie sous toutes ses formes (blagues, gestes, paroles, commentaires, images, attitudes, idées, politiques, etc.) aux hommes de notre entourage, à nos collègues, aux enfants et aux jeunes que nous côtoyons, aux membres de notre famille et de notre collectivité.
C’est par nos interactions quotidiennes – que ce soit en personne ou en ligne, à la maison, à l’école, dans la communauté, ou au travail – que nous créons et maintenons une culture. C’est ainsi que nous pouvons façonner une culture qui nous ressemble réellement.
Respecter le leadership des femmes
C’est grâce aux femmes activistes qui ont agi à la lumière de leurs propres expériences et de celles des autres femmes que le mouvement féministe est né. Les femmes actives au sein des regroupements et services féministes ont acquis depuis de nombreuses années une expérience et un aperçu des causes et conséquences de l’iniquité à l’égard des femmes.
Il est important d’honorer cette expérience en appuyant les revendications des femmes. Dans la pratique, cela veut dire être à l’écoute des femmes lorsqu’elles parlent de leurs expériences, reconnaître ses propres privilèges comme homme, s’interroger sur soi-même et ses rapports avec les femmes, lutter pour qu’on mette en vigueur des politiques et des pratiques qui prônent l’équité et parler franchement au sujet des comportements et des actions sexistes des autres hommes.
En tant qu’homme, être un allié du mouvement féministe signifie donner aux femmes l’exclusivité des orientations de ce mouvement, tout en appuyant leurs actions. Notre influence sur les garçons et les autres hommes de notre entourage nous permet de jouer un rôle crucial dans la promotion des relations saines et égalitaires entre les femmes et les hommes.
Changement social
Le changement social est défini comme « toute transformation observable dans le temps, qui affecte, d’une manière qui ne soit pas que provisoire ou éphémère, la structure ou le fonctionnement de l’organisation sociale d’une collectivité donnée et modifie le cours de son histoire » (Rocher, 1986). Ce changement social suscite :
- des transformations qui touchent tous les membres d’une collectivité et non une seule personne;
- des changements qui peuvent être d’ordre économique, culturel ou politique;
- des changements qui ont un caractère irréversible et influencent le fonctionnement de la société dans son ensemble (Rogel, 2003).
Point de départ
Le changement social peut être accompli par l’entremise d’une mobilisation communautaire visant à sensibiliser les gens et à les amener à travailler ensemble vers l’atteinte d’un but commun.
Ken Rigby (Bullying in Schools and What to do About It, 1998) a arrêté trois préalables pour réduire les possibilités d’intimidation et intégrer la prévention d’une telle forme de violence dans la philosophie de l’école.
- La communauté scolaire (personnel enseignant, élèves et parents) doit reconnaître que l’intimidation existe dans l’école à grande échelle.
- Tous les membres de la communauté scolaire sont convaincus que l’intimidation peut avoir des conséquences graves.
- Tous les membres de la communauté scolaire sont optimismes quant aux résultats qu’une école peut obtenir si elle applique de nouvelles politiques et pratiques visant à réduire l’intimidation.
Ces préalables s’appliquent également à d’autres contextes où on souhaite créer des conditions propices au changement. Il s’agit des premières étapes à suivre pour mobiliser un groupe de personnes pour qu’elles travaillent ensemble dans le but de résoudre un problème.
Quel changement viser?
Il est important avant tout de prendre le temps de vous informer et de tenir compte des préoccupations prioritaires des femmes engagées de votre collectivité. En consultant des groupes de femmes actives de votre collectivité, vous pouvez cerner les problèmes les plus pertinents et vous renseigner sur l’étendue des enjeux.
Passer à l’action
Que peuvent faire les hommes concrètement pour s’engager dans la lutte contre la violence faite aux femmes?
Douze propositions pour passer à l’action
(Pour des exemples concrets d’actions sociales effectuées à l’échelle collective et individuelle, cliquez ici : Exemples d’action sociale.)
Il existe une multitude d’actions pouvant convenir à tous les types de personnalité, de sensibilité et de revendication. Vous pouvez identifier des moyens de rendre ces enjeux pertinents pour les gens de votre collectivité, ainsi que des démarches accessibles, simples, réalistes, concrètes et réalisables pour les personnes de votre entourage. Vous êtes le mieux placé pour juger quels moyens et pistes d’action permettront de mobiliser les membres de votre collectivité.
Voici quelques exemples :
Participez à des initiatives qui visent à modifier la culture du sexisme et de la violence.
Une culture est dynamique et constamment en évolution. Par nos choix et nos interactions, nous participons toutes et tous à la création de notre culture, tous les jours. Par ailleurs, votre rôle de modèle accessible auprès des jeunes garçons de votre entourage (personnel ou professionnel) vous offre un moyen privilégié de contribuer à changer la culture du sexisme et de la violence pour la prochaine génération.
Inspirez-vous du leadership des femmes.
Pour créer des conditions équitables en faveur des femmes dans notre société, il est important d’être à l’écoute des femmes, tant à l’échelle canadienne qu’à l’échelle internationale. Nous percevons la vie à travers nos propres lentilles. Le vécu et les expériences des femmes peuvent servir de guide et de point de repère pour toute démarche ou intervention visant à promouvoir l’équité et à prévenir la violence contre les femmes.
Renseignez-vous pour mieux comprendre l’ampleur du problème.
Pour s’informer sur la prévalence du phénomène, il est important de connaître les progrès réalisés dans l’élaboration de politiques, règles et normes juridiques nationales et internationales. Vous pouvez également accéder aux multiples ressources existantes dans les organismes de femmes et vous informer sur les causes, les formes et les conséquences de la violence. Cela vous permettra de mieux connaître le vécu et les expériences des femmes. Vous serez mieux outillés si vous obtenez vos informations à partir d’une source qui est proche de la voix des femmes. Il serait également utile d’avoir différents points de vue et de faire des recherches sur les différentes manifestations et formes de masculinité.Mettez en place des actions collectives qui mobilisent votre collectivité locale, régionale ou transnationale.
Ces activités peuvent avoir comme cible la résistance aux notions de la masculinité traditionnelles. Par exemple, elles pourront encourager les hommes à réfléchir aux coûts personnels de la violence; créer des groupes de pairs alternatifs qui ne soutiennent pas la violence, comme des clubs sportifs; promouvoir les normes d’identité masculine positives fondées sur la non-violence et l’empathie (Widmer et autres, 2006).
Ayez une influence sur les politiques et la législation.
Il est impossible d’éliminer la violence faite aux femmes sans l’engagement des plus hauts cadres politiques, si l’on souhaite en faire une priorité à l’échelon local, régional, national et international. En tant que citoyen, vous avez une voix et vous pouvez l’exercer en faveur de politiques et de pratiques susceptibles de favoriser l’équité.
Commencez une pétition, signez des pétitions ou recueillez des signatures pour une pétition en faveur d’une loi qui lutte contre la violence faite aux filles et aux femmes.
Les pétitions offrent un moyen aux citoyennes et citoyens d’avoir une voix auprès des instances politiques. Elles vous permettent également d’avoir plus de visibilité et elles sensibilisent davantage les personnes qui s’investissent.Organisez des collectes de fonds pour les causes liées à la prévention de la violence faite aux femmes ou participez à ce genre d’activité.
Vous pouvez jouer un rôle important en aidant les organismes sur le terrain à catalyser le changement en donnant ou en collectant des fonds.
Organisez une activité qui met en valeur le travail et les succès des hommes qui luttent contre la violence.
Cela peut encourager d’autres hommes à participer à d’autres initiatives. Pour vous inspirer et inspirer les hommes de votre collectivité, vous pouvez recueillir et afficher de l’information (affiches, vidéos, feuillets, podcasts) sur les différentes initiatives que prennent les hommes dans leur collectivité.
Renforcez la visibilité de la violence faite aux femmes en écrivant un blogue, un « tweet » ou bien en dialoguant sur vos sites de réseaux sociaux.
Les sites de réseaux sociaux permettent d’établir un réseau et de diffuser de l’information sur la prévention de la violence faite aux femmes. Par exemple, vous pouvez créer ou participer à un blogue, ou créer ou participer à un groupe sur une plate-forme de média social.
Bâtissez des coalitions et des regroupements locaux, régionaux ou internationaux.
Plus vous êtes nombreux, plus vous avez une influence et plus votre voix sera entendue. Vous pouvez initier des contacts afin de travailler de concert avec des groupes et des coalitions de femmes et d’hommes qui veulent faire un changement dans la lutte contre la violence faite aux femmes (voir l’Annexe ci-dessous).
Sensibilisez vos collègues de travail en distribuant des dépliants et des fiches d’information sur la prévention de la violence faite aux femmes.
Vous pouvez échanger les faits saillants sur la violence faite aux femmes et sa prévention au Canada. En distribuant des dépliants à ce sujet, vos collègues l’interpréteront comme une invitation à prendre part à la lutte contre la violence faite aux femmes.
Conclusion
Ces quelques pistes vous aideront à changer les choses et à influencer votre milieu de façon positive et saine. Par un geste, une pensée, un projet, on propose des mesures qui encouragent la participation et qui visent à améliorer la vie des personnes vulnérables.
Que représente le changement social pour vous? Comment pourrait-il se concrétiser dans votre collectivité? Comment allez-vous mobiliser les personnes de votre entourage? Qu’allez-vous faire pour contribuer à changer les choses dans votre milieu? Chaque contexte est différent et chaque collectivité est différente. Faites appel à votre créativité et à votre énergie pour proposer une approche faite sur mesure pour les gens de votre entourage.
Quelques défis à anticiper
Il n’est pas toujours facile de se lever, de s’engager, de mobiliser les gens et de décider de mener des actions, surtout en ce qui concerne la lutte contre la violence faite aux femmes et la remise en question des normes fondées sur le genre. Les hommes qui s’affichent comme proféministes ou alliés de la cause féministe craignent de se faire accoler l’étiquette négative d’hommes « inférieurs » puisqu’ils se préoccupent des questions qui touchent les femmes. La nature humaine est plus complexe. Nous devons laisser une grande place à cette complexité, à cette richesse, à cette diversité d’être.
Obstacles à l’engagement
Il y a plusieurs obstacles qui empêchent un homme de participer à la lutte contre la violence faite aux femmes (d’après Funk, R., 2006, p.85). Parmi ces obstacles, on retrouve :
- l’absence de modèles (accessibles ou non);
- le fait de ne pas savoir quoi faire;
- la crainte d’avoir « l’air idiot »;
- la crainte de paraître trop « féminin »;
- la crainte de paraître trop sensible, donc faible;
- le rejet par les hommes qu’il connaît;
- la réticence de reprocher à d’autres des comportements qu’il a peut-être lui-même déjà adopté;
- la culpabilité;
- la peur devant l’intensité des problèmes de perdre ses privilèges masculins, d’être exposé à la colère des autres hommes, de poser un geste pouvant être considéré comme une trahison, d’être accusé d’homosexualité;
- la colère envers lui-même et envers les autres.
L’homme qui fait des changements dans sa vie et qui adopte une position plus ferme en faveur de l’équité des sexes et des genres peut être perçu comme une menace pour d’autres hommes qui peuvent le ridiculiser ou le harceler (de Keijzer, Berkowitz, 2004).
Pourquoi certains hommes résistent-ils à s’engager dans le travail de prévention de la violence?
Les messages et les images qui vilipendent les hommes et les stéréotypent en tant qu’agresseurs font peu de choses pour les amener à s’associer à cette lutte. Une étude, parrainée par le Family Violence Prevention Fund, a été menée en 2000 aux États-Unis. Sur les 1 000 hommes interrogés :
- 13 % disent ne pas s’engager dans des activités de prévention de la violence par crainte d’être ridiculisés et considérés comme contribuant au problème et non pas à la solution;
- 13 % déclarent ne pas savoir quoi faire pour aider;
- 31 % disent ne pas appuyer activement les efforts visant à éliminer la violence intrafamiliale parce que « personne ne leur a demandé de le faire ».
Des raisons d’être optimistes
Les messages et les campagnes visant à faire ressortir les forces et les capacités des hommes peuvent avoir un impact important sur ces derniers. Ces activités les encouragent à se percevoir comme faisant partie de la solution et à assumer davantage leur part de responsabilité dans la lutte contre la violence faite aux femmes.
Une recherche menée par le Family Violence Prevention Fund donne des résultats encourageants. Elle confirme non seulement l’influence positive que peuvent avoir les hommes dans la promotion de l’équité entre les sexes et les genres, mais elle indique aussi une forte volonté de la part de ces derniers de le faire. Voici un résumé des résultats de la recherche :
- Cinquante-sept pour cent (57 %) des hommes affirment pouvoir personnellement réussir à changer un peu les choses en matière de prévention de la violence familiale et des agressions sexuelles.
- Soixante-treize pour cent (73 %) affirment pouvoir changer un peu les choses en matière de promotion de relations saines, respectueuses et non violentes auprès des jeunes.
- Soixante-dix pour cent (70 %) sont prêts à trouver le temps nécessaire pour parler aux enfants de relations saines et non violentes (ce pourcentage était de 55 % en 2000).
- Soixante-dix-huit pour cent (78 %) des hommes âgés de moins de 35 ans et 81 % de ceux âgés de 35 à 49 ans ont confiance en leur capacité de promouvoir des relations saines auprès des jeunes, comparativement aux hommes de 50 ans et plus.
- L’intérêt des hommes envers ce sujet a augmenté de façon marquée depuis l’an 2000. Cinquante-cinq pour cent (55 %) des hommes affirment vouloir discuter de ce problème avec les enfants; 82 % des pères d’enfants de moins de 18 ans disent être prêts à trouver le temps d’en parler et 63 % des hommes qui n’ont pas d’enfants de moins de 18 ans abondent dans le même sens. (Peter D. Hart Research Associates, Inc., 2007)
Il est encourageant de noter que des recherches canadiennes menées en 2002 et en 2005 au Canada par la Campagne du ruban blanc indiquent également qu’un nombre croissant d’hommes canadiens sont préoccupés par le problème de la violence contre les femmes, et motivés à contribuer à sa prévention. (Pour voir des résultats de cette recherche, voir Le saviez-vous?)
Et, enfin, les résultats d’une étude IPSOS menée à l’échelle internationale (dans 29 pays) en 2022 révèlent que la majorité des femmes et des hommes croient que les femmes subissent de l’iniquité et n’étaient pas d’accord avec une série de déclarations sexistes ou misogynes.
Bien qu’il soit encourageant de voir que la majorité des personnes sont d’accord avec la vision qui favorise l’équité envers les femmes, il est pertinent de souligner qu’une importante proportion n’appuient pas la notion d’équité pour les femmes. Aussi, dans chaque cas, la proportion d’hommes qui étaient d’accord avec les déclarations sexistes ou misogynes étaient supérieure à celle des femmes à ce sujet.
Voici quelques exemples des résultats du sondage. Les pourcentages présentés pour les contextes canadiens et internationaux représentent la proportion d’hommes qui étaient d’accord avec les déclarations suivantes :
- Feminism does more harm than good. Le féminisme fait plus de mal que de bien.
- International – 32 %
- Canada – 21 %
- Gender inequality doesn’t really exist. L’iniquité entre les genres n’existe pas réellement.
- International – 21 %
- Canada – 17 %
- Violence against women is often provoked by the victim. La violence contre les femmes est souvent provoquée par la victime.
- International – 18 %
- Canada – 8 %
- Women who say they were abused often make up or exaggerate claims of abuse or rape. Dans bien des cas, les femmes qui déclarent avoir été abusées exagèrent ou inventent des situations d’agression ou de viol.
- International – 20 %
- Canada – 13 %
- It’s a woman’s obligation to have sex with her boyfriend or husband even if she doesn’t feel like it. La femme a l’obligation d’avoir des rapports sexuels avec son copain ou son mari, même si elle n’en a pas envie.
- International – 10 %
- Canada – 6 %
(Pour consulter le rapport du sondage, visitez.)
Références
Liste des ressources consultées
Devreux, A. M. (2004) Les résistances des hommes au changement social : émergence d'une problématique. Cahiers du Genre, numéro 36.
Déri-Dupuis, F. (2010) Le féminisme au masculin. Conjonctures, numéro 29.
Family Violence Prevention Fund futureswithoutviolence.org
Flood, Michael, 2002-2003. Engaging Men: Strategies and dilemmas in violence prevention education among men. Women Against Violence: A Feminist Journal, 13: 25-32.
Peter D. Hart Research Associates, Inc. (2007) « Father's day poll. », Washington, D.C.: auteur. Un résumé du sondage sous forme de présentation power point est disponible en ligne à : futureswithoutviolence.org
Rocher, G. (1986) Introduction à la sociologie générale, Tome 3 : Le changement social. Le Seuil.
Rogel, T. (2003) Le changement social contemporain. Édition Boréal.
Widmer, M. (avec G. Barker. et C. Buchanan). « Hitting the Target: Men and Guns », RevconPolicy Brief, juin 2006.
United Nations Entity for Gender Equality and the Empowerment of Women, Virtual Knowledge Centre to End Violence Against Women and Girls, endvawnow.org
Glossaire
Adultisme : Ensemble de présomptions, de croyances, de pratiques et de politiques erronées – flagrantes ou subtiles – visant les enfants, les adolescentes et les adolescents. L’adultisme assigne une valeur supérieure aux adultes. Il est fondé sur la peur et le mépris acquis et se manifeste dans les attitudes, les expressions et les comportements personnels diffamatoires, menaçants, d’évitement, de discrimination ou de violence à un niveau individuel ou institutionnel.
Âgisme : Ensemble de présomptions, de croyances, de pratiques et de politiques erronées – flagrantes ou subtiles – visant les gens en raison de leur âge, plus particulièrement les jeunes et les personnes âgées. L’âgisme assigne une valeur supérieure à certaines personnes basées sur leur âge. Il est fondé sur la peur et le mépris acquis et se manifeste dans les attitudes, les expressions et les comportements personnels diffamatoires, menaçants, d’évitement, de discrimination ou de violence à un niveau individuel ou institutionnel.
Agression/abus/violence : L’utilisation intentionnelle de la force ou de la contrainte physique, émotionnelle, psychologique, verbale, sexuelle, spirituelle ou économique, afin de contrôler ou dominer une autre personne en se servant d’actions, de menaces, de paroles ou d’autres contraintes.
Alliée, allié : Une personne qui défend les droits et la place des personnes et des groupes vulnérables de la société et qui cherche à renforcer leur autonomisation. Dans le cadre de ce projet, on réfère surtout aux personnes qui soutiennent les femmes dans leur lutte pour réduire les iniquités sociales entre femmes et hommes et qui posent des gestes pour promouvoir les relations saines et égalitaires entre les sexes et les genres.
Autonomisation : Réalisation du plein potentiel d’une personne ou d’un groupe de personnes traditionnellement marginalisées, souvent rendue possible par une approche, une action ou une mesure qui vise à créer une situation et des circonstances qui permettent à ces personnes de reprendre leur pouvoir.
Cisgenre : L’identité de genre d’une personne qui n’est pas transgenre et dont le genre, les comportements et l’apparence sont les mêmes que le sexe biologique reconnu socialement.
Cissexuel ou cissexuelle : L’identité de genre d’une personne qui n’est pas transsexuelle et dont le genre mental et le sexe physique sont et ont toujours été en harmonie avec ce qu’on s’attend d’elle dans la culture (par exemple, une femme « féminine », un homme « masculin »).
Discrimination systémique : Type de discrimination qui résulte de politiques ou de pratiques apparemment neutres, renforcée par des structures institutionnelles et les dynamiques du pouvoir et entraînant le traitement différent et inégal des membres de certains groupes.
Diversité : Terme employé pour définir un vaste éventail de qualités et d’attributs humains au sein d’un groupe, d’une organisation ou d’une société. Ses dimensions comprennent, sans y être limitées, l’origine, la culture, l’ethnicité, l’identité de genre, la langue, les capacités physiques et intellectuelles, la couleur de la peau, la religion, le sexe, l’orientation sexuelle et le statut socio-économique.
Dynamiques du pouvoir : Processus par lequel un groupe définit et subordonne d’autres groupes et leur réserve un traitement différent et inégal.
Éducation inclusive : Éducation basée sur les principes de l’acceptation et de l’inclusion de tous les élèves. Les élèves se reconnaissent dans les programmes, les lieux physiques et l’environnement qui honorent la diversité et favorisent le respect de toutes les personnes.
Empathie : La capacité à comprendre les émotions et les expériences d’une autre personne et à s’identifier à elle.
Équité : Traitement juste, inclusif et respectueux de chaque personne. L’équité n’implique pas qu’il faut traiter toutes les personnes de la même façon sans tenir compte des différences individuelles.
Gai : Personne s’identifiant comme homme, éprouvant une attirance sexuelle ou romantique principalement pour les personnes du même sexe ou de la même identité sexuelle. Terme familièrement employé pour inclure toutes les personnes LGBTQ2S+ (voir la définition). Toutefois, un grand nombre de lesbiennes et de personnes bisexuelles ne se sentent pas incluses dans ce terme.
Genre : Système de classification établi socialement qui attribue des qualités de masculinité et de féminité aux personnes. Sens qu’une personne a de sa propre masculinité ou féminité, peu importe son anatomie. Le genre est souvent associé au sexe, mais le sexe a trait à l’anatomie alors que le genre a trait aux caractéristiques de la personnalité.
Groupe dominant : Groupe considéré comme étant le plus puissant et le plus privilégié dans une société en particulier et qui exerce du pouvoir et de l’influence sur les autres au moyen d’un contrôle social et politique.
Groupe marginalisé : Groupe de personnes dans une société donnée qui ont peu ou pas d’accès au pouvoir social, économique, politique, culturel ou religieux. Le terme peut renvoyer à un groupe qui se trouve en nombre inférieur ou à un rang social inférieur.
Harcèlement : Discrimination pouvant se présenter sous les diverses formes suivantes : attention et commentaires non voulus, blagues, menaces, injures, touchers ou tout autre comportement (y compris l’affichage de photos) visant à insulter, offenser ou dénigrer une personne en raison de son identité. Le harcèlement est dirigé vers une personne par une autre personne, dont la conduite et les commentaires sont, ou devraient être raisonnablement interprétés comme étant offensifs, inappropriés, intimidants et hostiles.
Hétérosexisme : Présomption que toutes les personnes sont, devraient être ou voudraient être hétérosexuelles et conviction que l’hétérosexualité est foncièrement normale ou supérieure à toutes les autres orientations sexuelles. Cette présomption donne lieu à des préjudices, à des préjugés et à de la discrimination au niveau individuel et systémique.
Hétérosexualité : Attirance sexuelle ou romantique pour les personnes d’un autre sexe que le sien.
Homophobie : Ensemble de présomptions, de croyances, de pratiques et de politiques erronées – flagrantes ou subtiles – visant les lesbiennes et les gais, les personnes bisexuelles, transgenres, transsexuelles, bispirituelles, intersexuées, queers et qui se questionnent par rapport à leur sexualité (LGBTQ2S+). L’homophobie assigne une valeur supérieure aux personnes hétérosexuelles. Elle est fondée sur la peur et le mépris acquis et se manifeste dans les attitudes, les expressions et les comportements personnels diffamatoires, menaçants, d’évitement, de discrimination ou de violence à un niveau individuel ou institutionnel.
Identité de genre : Sentiment d’une personne envers elle-même en tant qu’être masculin, féminin ou quelque part entre les deux. L’identité de genre diffère du sexe (homme ou femme), de l’orientation sexuelle (vers qui une personne est attirée romantiquement ou sexuellement) et peut différer du sexe biologique ou assigné à la naissance. Les possibilités masculines et féminines du genre sont souples et modifiables plutôt que statiques et fixes et peuvent exister partout à l’intérieur d’un continuum.
Inclusion : Approche visant à rejoindre et à inclure toutes les personnes et honorant la diversité, le caractère unique, les talents, les croyances, les antécédents, les capacités et les façons de vivre des personnes et des groupes. Les pratiques inclusives visent à créer une culture d’équité et d’appartenance dans laquelle les personnes représentent un élément important de tous les aspects de la société, et se sentent comme telles.
Intersectionnalité : Expérience de deux formes ou plus d’oppression qui créent des couches identitaires complexes chez la personne. Chaque couche peut exposer la personne à une forme distincte de discrimination, notamment pour les motifs illicites identifiés dans le Code des droits de la personne de l’Ontario, ou d’autres motifs similaires. La combinaison de ces diverses formes de discrimination peut donner lieu à des préjugés ou des obstacles additionnels à l’équité et produire une situation unique et différente de toute forme de discrimination individuelle.
Intersexualité : Terme employé pour désigner les personnes nées avec des caractéristiques sexuelles indéterminées ou atypiques qui habituellement distinguent le corps féminin du corps masculin rendant ainsi difficile la tâche de leur assigner un sexe. Le terme utilisé par le mouvement social critique les normes médicales concernant l’assignation du sexe aux bébés.
Intimidation : Comportement persistant et agressif envers une ou plusieurs personnes, qui a pour but (ou dont on devrait savoir qu’il a pour but) de causer de la peur, de la détresse ou un préjudice corporel, ou de nuire à l’amour-propre, à l’estime de soi ou à la réputation. L’intimidation se produit dans un contexte de déséquilibre 9 des pouvoirs réel ou perçu. La répétition d’incidents intimidants peut exacerber le déséquilibre du pouvoir et les répercussions négatives.
Justice sociale : Concept basé sur la vision d’une société où la distribution des ressources est équitable et où tous les membres sont en sécurité physiquement et psychologiquement. On estime que chaque personne et groupe a le droit d’avoir des chances égales, des libertés civiles et la pleine participation aux volets sociaux, éducatifs, économiques et institutionnels de la société. La justice sociale est mue par des personnes ayant des capacités réelles d’action humaines (les possibilités d’agir et de s’autodéterminer), ainsi qu’un sens des responsabilités sociales envers et avec les autres et la société dans son ensemble.
Lesbienne : Femme ou fille, ou une personne qui s’identifie comme telle, éprouvant une attirance sexuelle ou romantique principalement pour les personnes du même sexe ou de la même identité sexuelle.
Lesbophobie : Ensemble de présomptions, de croyances, de pratiques et de politiques erronées – flagrantes ou subtiles – visant les lesbiennes ou les femmes qui semblent être intimes avec d’autres femmes ou affectueuses envers d’autres femmes. La lesbophobie assigne une valeur supérieure aux personnes qui ne sont pas lesbiennes (par exemple aux hétérosexuelles et aux gais). Elle est fondée sur la peur et le mépris acquis et se manifeste sur les plans individuel, systémique et institutionnel dans les attitudes, les expressions et les comportements personnels diffamatoires, menaçants, d’évitement, de discrimination ou de violence sous toutes ses formes contre les lesbiennes.
LGBTQ2S+ : Acronyme désignant les personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles, transgenres, transsexuelles, bispirituelles, intersexuées, queers. L’acronyme renvoie aux personnes et collectivités marginalisées selon leur orientation sexuelle, leur identité de genre et les configurations hors norme des points de vue social, sexuel, romantique et familial. Généré par les membres de la classe sociale moyenne anglaise occidentale, cet acronyme est relativement simple comparativement à d’autres qui tentent d’être le plus inclusif possible, par exemple, LGBTT2SIQQPPAAA. Les acronymes évoluent parce que les membres des collectivités adhèrent à un processus dynamique permanent qui leur permet de reconnaître les facteurs suivants : les contextes sociaux des personnes qui créent et utilisent ces termes; les complexités du pouvoir, les privilèges et la colonisation; les personnes visibles, celles qui ne le sont pas; les personnes qui ont un sentiment d’appartenance commune, celles qui ne l’ont pas; la signification de l’équité et de l’inclusion pour différentes personnes et, enfin, comment devenir les alliés les uns des autres.
Misogynie : Haine ou mépris des femmes, des filles et de toute caractéristique « féminine » traditionnellement associée aux femmes et aux filles, y compris les croyances ou les attitudes personnelles ou ancrées dans les institutions. Attitude négative envers les femmes en tant que groupe. Les attitudes et les croyances misogynes peuvent être flagrantes ou non et peuvent manifester une antipathie envers les femmes qui ne cadrent pas dans la catégorie des comportements féminins.
Modèle accessible : Une personne présente dans notre vie, que l’on admire pour les gestes qu’elle pose et qui respecte ses propres valeurs. Un modèle accessible peut articuler ses choix et peut faire comprendre aux autres ce qui motive ses choix.
Modèle de masculinité positif : Un homme qui prend conscience de sa capacité d’influencer les enfants et qui choisit de défaire les stéréotypes et les paramètres sociaux et médiatiques qui le contraignent à être et à agir d’une certaine façon.
Moment d’apprentissage : Un moment perçu comme étant aléatoire au cours duquel on est en mesure d’acquérir et de montrer des nouvelles connaissances et capacités.
Objectification : Promouvoir l’image de la femme de façon dégradante. Présenter le corps d’une femme en images isolées renforçant l’idée que la femme est un objet sexuel et non un être humain à part entière.
Oppression : Nature systémique et envahissante de l’inégalité sociale qui s’infiltre dans les institutions sociales et dans l’esprit des gens. L’oppression est le résultat de la fusion de la discrimination institutionnelle et systémique, des préjugés personnels, du sectarisme et des préjugés sociaux dans un réseau complexe de relations et de structures qui saturent la plupart des aspects de la vie dans notre société. L’oppression suppose des contraintes structurelles et matérielles qui influent considérablement sur les possibilités qui s’ouvrent à une personne et sa perception de ces possibilités. L’oppression suppose aussi une relation hiérarchique dans laquelle des groupes dominants ou privilégiés bénéficient, bien souvent inconsciemment, de la perte de pouvoir des groupes subordonnés ou ciblés.
Orientation sexuelle : Sens de l’attirance romantique ou sexuelle envers les personnes du même sexe, du sexe opposé ou des deux sexes. L’orientation sexuelle d’une personne est totalement distincte de son identité de genre.
Personne bispirituelle : Autochtone qui possède le don sacré de l’esprit femme-homme et de genre variable. Les personnes bispirituelles ont occupé un rôle traditionnel respecté au sein de la plupart des cultures et des sociétés autochtones. Elles peuvent aussi s’identifier comme gaies, lesbiennes, bisexuelles ou transgenres.
Personne en transition : Processus entrepris par une personne transsexuelle pouvant mener à la chirurgie ou à la thérapie hormonale dans le but de transformer son corps de façon à ce qu’il représente l’image qu’elle a d’elle-même. Ce processus peut également inclure des démarches sur les plans juridique et social pour changer son nom.
Personne qui se questionne : Personne qui s’interroge sur son orientation sexuelle, son identité sexuelle ou son identité de genre ou en est à l’étape d’explorer ces notions. La personne qui s’interroge est réticente à l’idée d’afficher une identité sexuelle particulière et embrasse plutôt la fluidité de ses attirances quand elles surviennent, peu importe l’objet de ces attirances.
Personne transgenre : Personne qui a le sentiment que son genre ne correspond pas au sexe biologique assigné à la naissance et peut en conséquence adopter un autre genre que celui correspondant à son sexe biologique. Il s’agit aussi d’un terme générique employé pour décrire des personnes qui n’entrent pas dans les catégories ou normes de genre traditionnelles et binaires (homme/femme).
Personne transsexuelle : Personne qui a le sentiment que son genre ne correspond pas au sexe biologique assigné à la naissance et qui peut changer ou vouloir changer son corps. Une personne transsexuelle peut choisir de changer son sexe physique en ayant recours à la chirurgie, à l’hormonothérapie, à l’électrolyse ou au laser, et de porter les vêtements habituellement portés par des personnes ayant le genre auquel elle aspire. Le processus de changement, appelé transition, peut comporter des volets sociaux et juridiques, notamment une demande de changement de nom.
Pouvoir : Habilité d’une personne d’influencer ou de contrôler des gens, des circonstances, des processus ou des ressources. Le pouvoir est obtenu par les privilèges octroyés à des personnes ou des établissements (par exemple, les gouvernements, l’Église, les familles, l’application de la loi, etc.)
Préjugé : Croyance implicite menant à juger à l’avance un groupe de personnes ou chaque membre de ce groupe ou d’adopter une attitude injustifiable généralement négative envers ces personnes. Une telle attitude négative est habituellement basée sur des généralisations non fondées (ou des stéréotypes) qui privent ces personnes de leur droit d’être reconnues et traitées comme des personnes ayant leurs propres caractéristiques et qui peuvent causer, soutenir ou justifier la discrimination.
Prise de conscience : Un état de vigilance au sujet de la situation dans laquelle on se trouve. On peut l’associer au contexte social actuel pour effectuer un changement positif dans sa famille, sa collectivité, son groupe d’amies, et d’amis, etc.
Proféminisme : Soutien accordé aux perspectives et aux buts du féminisme, sans pour autant sous-tendre que la personne qui accorde son soutien est membre du mouvement féministe. On se sert le plus souvent du terme en référence aux hommes qui soutiennent activement le féminisme, et aux efforts visant à faire survenir l’équité pour les femmes et les genres.
Privilège : Avantage non gagné ou octroyé à une personne, mais pas à tout le monde, en fonction de l’identité ou du statut de la personne dans la société et la valeur qu’on lui donne (par exemple, la race, la classe sociale, le sexe, l’orientation sexuelle, les capacités, l’éducation, etc.)
Queer : Identité actuellement endossée avec fierté par certaines personnes pour défier les restrictions de genre ou sexuelles. Au départ, il s’agissait d’un terme d’argot dénigrant. On assiste aujourd’hui à une réappropriation volontaire du terme, qui est parfois utilisé de façon générale pour désigner les minorités sexuelles et de genre. Il suggère une sexualité alternative, qui peut inclure l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’identité sexuelle, ainsi qu’un vaste éventail de personnes qui repoussent les normes sexuelles de diverses façons. Il ne fait pas l’unanimité, surtout chez les personnes GLBTQ plus âgées.
Relation saine et égalitaire : Relation fondée sur le respect, la confiance, le même pouvoir de décision, la sécurité, le partage équitable des responsabilités, le consentement, la communication ouverte, etc. Dans ce type de relation, on se sent bien avec soi-même et avec l’autre, on est authentique et on a l’occasion de s’épanouir.
Rester silencieux : Refuser de dénoncer, de contester, choisir de fermer les yeux sur la violence faite aux femmes et tolérer les propos sexistes et homophobes.
Sexe : Conformation anatomique de l’homme ou de la femme déterminée biologiquement, par exemple par les chromosomes, les hormones et les organes génitaux internes et externes.
Sexisme : Ensemble de présomptions, de croyances, de pratiques et de politiques erronées – flagrantes ou subtiles – visant les femmes et les filles ou les personnes perçues en tant que telles. Le sexisme assigne une valeur supérieure aux hommes. Il est fondé sur la peur et le mépris acquis et se manifeste dans les attitudes, les expressions et les comportements personnels diffamatoires, menaçants, d’évitement, de discrimination ou de violence à un niveau individuel ou institutionnel. Le sexisme est à la fois distinct et étroitement lié à la discrimination fondée sur le genre qui peut aussi cibler d’autres groupes, comme les hommes, les garçons et les personnes transgenres.
Stéréotype : Conception fausse ou généralisée, en général négative, d’un groupe de personnes qui suscite la catégorisation inconsciente ou consciente de chaque membre de ce groupe, sans égard à leurs différences individuelles. Un stéréotype peut être fondé sur la couleur de la peau, l’âge, les origines ethnoculturelles, la langue, la religion, l’origine géographique ou nationale; la situation sociale, matrimoniale ou familiale; les attributs physiques, développementaux ou mentaux, ainsi que sur le sexe.
Transphobie : Ensemble de présomptions, de croyances, de pratiques et de politiques erronées – flagrantes ou subtiles relativement au genre visant les personnes transsexuelles, transgenres et non conformistes. Elle assigne une valeur supérieure aux personnes qui ne sont pas transsexuelles ou transgenres (par exemple aux personnes hétérosexuelles, gaies et lesbiennes) et à celles qui se conforment aux normes de genre traditionnelles. Elle est fondée sur la peur et le mépris acquis et se manifeste sur les plans individuel, systémique et institutionnel dans les attitudes, les expressions et les comportements personnels diffamatoires, menaçants, d’évitement, de discrimination ou de violence sous toutes ses formes contre les personnes transsexuelles, transgenres et non-conformistes sexuelles.
Valeur : Référence à partir de laquelle nous agissons et nous évaluons nos actions, nos croyances et nos convictions. Nos valeurs individuelles peuvent être partagées par l’ensemble de la société.
Violence fondée sur le genre : Tout comportement – psychologique, verbal, physique, sexuel, spirituel ou économique – fondé sur l’identité de genre ou l’identité sexuelle et dont l’intention est de contrôler, d’humilier, de subordonner ou de nuire à une personne ou à un groupe. Cette forme de violence cible généralement les personnes dont l’identité de genre n’est pas conforme à leur sexe biologique. Elle repose sur des attitudes et des préjugés homophobes, biphobes, lesbophobes ou transphobes, conscients ou non, sur les plans individuel, systémique et institutionnel.
Violence contre les filles et les femmes : Tout comportement – psychologique, verbal, physique, sexuel, spirituel ou économique – fondé sur le sexe et visant les filles et les femmes ou les personnes perçues en tant que telles, et dont l’intention est de contrôler, d’humilier, de subordonner ou de nuire à la personne ou aux personnes ciblées. Cette forme de violence repose sur des attitudes ou des préjugés sexistes ou misogynes, conscients ou non, à l’échelle individuelle ou institutionnelle.
REMARQUE : Le glossaire contient des définitions qui ont été extraites de diverses sources, en plus du travail de recherche du COPA National. Pour consulter la liste des sources utilisées dans l’élaboration du glossaire, cliquez sur Bibiographie du glossaire.